samedi 9 septembre 2017

Livret du participant





Colloque international

« Les acteurs de l’aide internationale :

vers quels savoirs, engagements et compétences ? »

Bordeaux, 11 et 12 septembre 2017



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LUNDI 11 SEPTEMBRE


Hôtel de Région, 14 rue François de Sourdis, Bordeaux

9h                          Accueil

9h30                     Mots d’accueil

Isabelle Boudineau, Vice-présidente de la Région Nouvelle Aquitaine, chargée de l’Europe et de l’international

Céline Thiriot, Directrice du Laboratoire Les Afriques dans le monde, IEP/Sciences-po Bordeaux
Anne Le Naëlou, Directrice de l'IEDES-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne &, membre de l'UMR Développement et Sociétés (P1-IRD)
Jean-Christophe Lallau, Directeur des ressources humaines, GRET

10h-12h30          Table ronde : Focus sur les acteurs de l’aide internationale de la Nouvelle Aquitaine : Approches orientées changement et professionnalisation à géométrie variable : quels enjeux pour la formation à la solidarité internationale dans la Région Nouvelle Aquitaine ?
En partenariat avec le Réseau associatif développement et solidarité internationale Nouvelle Aquitaine (Radsi-NA), le réseau multi-acteurs régional So-Coopération et l’Institut de formation et d’appui aux initiatives de développement (Ifaid)
Les approches orientées changement
o   Josyane PEREZ, Présidente ou Tiphaine ARDOUIN, Réseau associatif développement et solidarité internationale Nouvelle Aquitaine (Radsi-NA)
o   Gaëlle GANDEMA Responsable Pôle Partenariat, Initiative Développement, Poitiers
o   Clémence LARTIGUE, chargée de projet, Pôle Education à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale, Association Cool'eurs du Monde
o   Yvan OUSTALET, Animateur Afdi Nouvelle Aquitaine et responsable pays (Afdi Nationale) pour le Bénin, Togo et Haïti.

La professionnalisation à géométrie variable
o   Franck FORTUNÉ, Directeur du Réseau multi-acteurs régional So-Coopération,
o   Alexandra NAUD, Cheffe de service Afrique-Caraïbes / Solidarité et citoyenneté internationales, Région Nouvelle-Aquitaine
o   Nicolas DUMONT, ancien étudiant de la Licence professionnelle Chargé.e de projets en solidarité internationale et développement durable, Coordinateur d'équipes et de projets, Unis-Cité
o   Anne-Marie FORTUNÉ, ancienne étudiante de la Licence professionnelle Chargé.e de projets en solidarité internationale et développement durable ayant mené une enquête

Les enjeux des formations à la solidarité internationale

o   Jean-Claude CUISINIER RAYNAL, président d'honneur de l’lnstitut de formation et d’appui aux initiatives de développement (IFAID)
o   Karl BELMONT, administrateur COSIM Nouvelle Aquitaine
o   François DELUGA, président du Centre national de la fonction publique territoriale,
o   Aurore TERSOU et Stéphanie WOHLSCHLEGEL, étudiantes (2016/2017) de la Licence professionnelle Chargé.e de projets en solidarité internationale et développement durable en projet tutoré avec So-Coopération

Animation : David Eloy, ancien rédacteur en chef de la revue Altermondes

12h30-13h         Ouverture du colloque
Hélène VELASCO, Présidente de l’Université Bordeaux Montaigne
Messages de l’Université Paris 1 et de la Commission Françaises de l’Unesco
Cadrage du colloque

14h–15h30        Plénière : Dynamiques des acteurs face à l’essoufflement des modèles de l’aide internationale
o   OULD AOUDIA Jacques, président et NAEL Robin, chargé de mission, Migration & Développement
Renouveler les relations Nord-Sud dans les actions de solidarité internationale 
o   AMOUGOU Thierry, professeur études du développement, Université Catholique de Louvain (Sous réserve de confirmation)
Une économie politique de l'APD en Afrique Subsaharienne : modèles européens et chinois
o   BEKKER Simon, emeritus professor et BROMBERGER Norman, CHRISTIANSON David, Sociology, Stellenbosch University
Development aid challenges: the predicament of citizen participation and elite bargains

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Simon Bekker, professeur émérite en sociologie, est citoyen Sud Africain. Ses sujets de recherche actuels combinent les migrations et les études urbaines avec un point de vue particulier sur les agendas de « bonne gouvernance » en Afrique du Sud et en Afrique Subsaharienne.

Ses publications récentes incluent des articles, des chapitres et des livres que ces thèmes, publiés en anglais et en français (une langue que je parle couramment). Il a travaillé comme Professeur au Département d’Etudes de l’Université de Rhodes, comme Professeur de Sociologie à l’UNISA et Directeur du Centre d’Etudes Sociales et de Développement à l’époque à l’Université de Natal (Durban). Il a mené des rencontres entre chargés de recherche invité à l’Université d’Oxford et le (à l’époque) Centre d'Étude d'Afrique Noire in France, le Collège suédois d’Etudes avancées d’Uppsala (Suède) et de STIAS, l’Institut Stellenbosch pour études avancées. Il a enseigné à deux reprises au CODESRIA à Dakar, au Senegal.
Sélection de publications récentes
  • Bekker, S. and N. Bromberger (2016) ‘A shift in Western development agency thinking? The case for second best.’  Social Dynamics Vol. 42 , Iss. 3.
  • Bekker S. & L. Fourchard (eds.) 2013 Governing Cities in Africa. Politics and Policies. Cape Town: HSRC Press.
  • Bekker S & G Therborn (eds.) 2012 Capital Cities in Africa: Power and Powerlessness. Cape Town and Dakar: CODESRIA and HSRC Presses.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Le 2017 Rapport de la Banque Mondiale, intitulé Governance and the Law, souhaite aller au-delà de la discussion sur les politiques qui encouragent le développement et a l'intention de révéler les raisons pour lesquelles certaines politiques réussissent et d'autres pas. Notre présentation utilise le contenu de ce rapport pour construire une lentille (lens), que nous utilisons ensuite pour analyser un programme de développement financé par l'UE en Afrique du Sud. Nous finissons par une évaluation préliminaire de l'utilité de cette lentille dans l'analyse.
Simon Bekker est professeur émérite de sociologie et David Christianson est chercheur à l'Université de Stellenbosch.

o   CHARTON Hélène, chargée de recherche au CNRS, Lam, Sciences Po Bordeaux
Les communautés épistémiques dans l’aide internationale – le cas du secteur de l’éducation

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Hélène Charton est chargée de recherche au CNRS au LAM, elle travaille sur les politiques internationales d'éducation en Afrique et a été cheffe du pôle genre et développement humain à la Direction générale de la mondialisation du Ministères des Affaires étrangères et européennes en 2012.

      Présidence : Dominique Darbon, Anne Le Naëlou

15h45 – 18h      Ateliers, 1ère série
1.      Des outils et approches qui font évoluer les actions de l’aide internationale ?

o   VINCENOT Delphine, doctorante, Laboratoire de Changement Social et Politique, Université Diderot - Paris 7
Le cadre logique, marqueur de professionnalisation du secteur
o   AIHOU Roger, chef de projet, Gret Congo
Ajustement des cadres logiques en « approches orientées changement » : expériences d’un chef de projet à Pointe-Noire (Gret, Congo)

PRESENTATION DE L’AUTEUR ET DE SA STRUCTURE

Le Gret est une ONG française de développement solidaire qui lutte depuis une quarantaine d’années, contre la pauvreté et les inégalités dans une trentaine de pays à travers le monde. Le Gret dispose de l’expérience et des références nécessaires diversifiées à la réussite de ses missions de développement. Il attache du prix aux principes de bonne gouvernance, gage de la confiance de ses partenaires du Nord et du Sud et des structures publiques de financement du développement. Il intervient auprès d’autres partenaires de même vision dans la recherche de réponses innovantes et durables pour le développement.

Depuis 2015 le GRET s’est engagé dans une recherche-action, au sein de F3E, dans le projet PRISME (Programme d’innovation méthodologique pour planifier, suivre et évaluer de processus de changement), et plus spécifiquement sur l’outil d’appréciation et de compréhension des changements intermédiaires, dite méthode des « petits pas ». Cette démarche expérimentale a démarré au Congo à Pointe-Noire au sein d’un projet d’appui au secteur artisanal (Partag : 2015- 2018), sur cofinancement de l’Union européenne et de l’AFD avec l’appui technique du GRET, par un atelier « Vision et chemins de changement » pendant lequel le Groupement Interprofessionnel des Artisans du Congo (GIAC) et ses membres ont été accompagnés à définir leur vision en 2025, les défis à relever et les chemins de changements.

En ma qualité de chef de Projet GRET, avec mon profil professionnel d’Expert en Développement et Gestion de Projet, j’ai vécu cette expérience avec un esprit d’expérimentateur critique. Cette posture m’a permis de faire évoluer par la pratique l’introduction des approches orientées changement dans la gestion du projet. Une telle expérience mérite d’être partagée.

o   MAYOUBILA Koundja, consultant, Program Manager - Reach for Change
De la théorie au chemin du changement en Afrique

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Né en 1979 à Sarh au Sud du Tchad, M. Mayoubila Koundja est diplômé en Informatique de l’EICSI (ECWA Information and Computer Science Institute) de Jos/Plateau State au Nigeria (2006). L’humanitaire et l’entrepreneuriat social sont au coeur de sa carrière professionnelle; comme spécialiste d’education en situation en situation d’urgence, il a travaillé dans le cadre de l’assistance aux réfugiés vivant au Tchad (2006-2013) et au Cameroun (2014 et 2015). Cette passion pour les projets de la solidarité l’a conduit à valoriser ses acquis à l’IPD de Douala (LIcence Analyse et Evaluation des projets, 2010) et au 2IE de Ouagadougou (Master 2 Management des crises et actions humanitaires, 2013). Présentement consultant, il s’intéresse à l’Entrepreneuriat et aux TIC.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Cette communication présente une approche orientée changement, basée sur la théorie du changement, à travers l’élaboration d’un programme d’entrepreneuriat social flexible et efficace, comme alternative pour le développement durable de l’Afrique. L’approche projet très rigide, avec comme carnet de bord le cadre logique, semble ne plus produire les résultats escomptés, dans une Afrique avec 70% de la population ayant moins de 25 ans (OECD, 2011), mais majoritairement exclu d’une croissance économique qui tourne entre 5 et 6,5%, et attirant beaucoup d’investisseurs. La participation communautaire tant annoncée, comme panacée de ce manquement, montre aussi ses limites, face à des gouvernements qui se soucient très peu de la jeunesse. D’ou le besoin de mettre en place un concept plus innovant et efficace prenant en compte cette dynamique sociale et économique très riche de l’Afrique.

Le modèle orienté changement développé par l’ONG Suédoise Reach for Change, pour contribuer à améliorer les conditions de vie dans les communautés africaines, consiste à identifier des jeunes entrepreneurs sociaux locaux, à travers des compétitions innovantes. Ensuite, aider  ces personnes ayant des initiatives innovantes, à se developper  grâce à une approche mixte basée sur la théorie du changement (Theory of Change), et l’utilisation d’une feuille de route (Pathway of Change), permettant ainsi une compréhension approfondie du problème identifié, et une définition plus nette de la vision du changement souhaité. Contrairement à l’approche projet avec comme carte de navigation le cadre logique, qui se déroule en terme d’activité - de résultat - d’effet - d’impact, la théorie du changement présente la complexité de tout l’eco-systeme dans lequel doit s’opérer le changement souhaité. Elle permet une revue régulière des activités prevues, au besoin meme  des modifications, permettant d’accroitre l’impact pour mieux appréhender le changement. Dans le même sens, la Théorie du Changement permet de prendre en compte les opportunités qui se présentent; d’ou l’innovation, qui se situe au coeur du mouvement entrepreneurial. 

Présent dans sept (7) pays africains (Ghana, RDC, Sénégal, Tchad, Rwanda, Tanzanie, et Ethiopie), avec 84 entrepreneurs sociaux appuyés dans ces different pays, ce programme compte plus de 900.000 bénéficiaires directes des programmes mis en oeuvre par ces entrepreneurs sociaux. Ce modèle semble faire ces preuves, mais pourrait-elle être répliquée dans d’autres secteurs, comme approche idéale de  développement durable.

o   MACIAS Léa, doctorante, EHESS Paris
La mesure comme objet de recherche : données quantitatives et cartographie des camps de réfugiés, le cas de Zaatari en Jordanie
o   PALLIERE Augustin, chercheur associé à l’UMR PRODIG & APDRA Pisciculture Paysanne et RANGÉ Charline, chercheure associée à l’UMR PRODIG
Contribution de l’approche « système » au dialogue entre techniciens et producteurs. Une expérience dans un projet de développement rural en Guinée.

PRÉSENTATION DES AUTEUR.E.S

Agro-économiste et docteur en géographie (2014), Augustin Palliere est chercheur associé à l’UMR Prodig (AgroParisTech). Ses recherches portent sur la marchandisation du travail dans les sociétés lignagères en Afrique de l’Ouest. Depuis 2015, il est chef de projet pour l’APDRA Pisciculture Paysanne en République de Guinée (Projet de Développement de la Rizi-Pisiculture en Guinée Forestière).
Agro-économiste et docteure en géographie (2016), Charline Rangé est chercheuse associée à l’UMR Prodig (AgroParisTech). Elle a travaillé durant deux ans en tant que chargée du suivi-évaluation et de la recherche-développement dans un projet de développement en Guinée et a participé à plusieurs expertises pluri-disciplinaires sur la région du lac Tchad, en accompagnement de l'action publique. Ses travaux de recherche dans la région du lac Tchad portent sur les complémentarités et concurrences entre usages (agriculture, élevage, pêche) et sur la gouvernance des ressources naturelles. En Guinée Forestière (Guinée), elle travaille actuellement sur les relations entre rapports sociaux intra-familiaux et dynamiques des territoires ruraux.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Les techniciens agricoles déployés dans le cadre des projets de développement agricole en Afrique disposent-ils toujours des outils et des concepts pour engager un véritable dialogue avec les producteurs ? Cette communication s’appuie sur une expérience menée dans le cadre d’un projet de développement de la pisciculture en Guinée Forestière où l’émergence d’une expertise technique locale au sein des réseaux de pisciculteurs oblige à repenser le rôle et la formation des techniciens déployés dans le cadre des projets. Elle montre comment une approche systémique, mise en œuvre par les techniciens eux-mêmes, peut participer à cette évolution. Plus que le résultat final de la démarche de modélisation que cette approche implique, c’est le processus même de production et d’interprétation des connaissances qui peut être le point de départ d’un dialogue renouvelé avec les producteurs.

                       Animation : Jean-Etienne Bidou, Cécile Broutin

15h45 – 18h     Ateliers, 1ère série (suite)
2.      Modes de transmission des savoirs comme objet et enjeux de l’aide internationale

o   DUROYAUME Perrine, responsable de formation, F3E et DE LA CRUZ Pauline, directrice, BATIK International
Acteurs d’appui, accompagnateurs, co-apprenants ? Les évolutions des métiers des praticiens des ONG à travers les regards croisés d’une ONG française et d’un organisme de formation continue 

PRESENTATION DES AUTEURES

Perrine Duroyaume, responsable de formation, F3E : Créé en 1994, le F3E est un réseau apprenant d’acteurs français de la solidarité et de la coopération internationales, engagés pour un changement social. Pluri-acteurs, il est composé d’organisation membres (ONG, Collectivités territoriales, Réseaux, Fondations, Syndicats) conduisant des actions d’aide au développement, de plaidoyer et d’éducation à la citoyenneté mondiale.

La mission du F3E est de contribuer à améliorer les pratiques de ses membres, en matière d’apprentissage, d’innovation, de qualité et d’impact de leurs actions. Pour ce faire, il développe une offre d’accompagnement individuel (études, formations et appui-conseil) et collectif (communauté de pratiques programmes de recherche-action). Depuis 2000, il est organisme de formation et propose chaque année des formations ouvertes à l’ensemble des acteurs du secteur ainsi que des formations sur mesure réalisées à la demande des membres.

Après un parcours en ONG et dans la recherche sur les dynamiques urbaines, Perrine Duroyaume rejoint le F3E en 2011 où elle anime le programme de formation, et développe plusieurs  modules, de la conception à l’animation. En 2016, elle suit un cursus sur la formation d’adultes au CNAM pour prendre du recul sur ses pratiques.

Pauline De La Cruz, directrice,  BATIK International : BATIK International développe depuis 1998 des projets solidaires, favorisant une meilleure insertion sociale et professionnelle des personnes fragilisées, en Europe, en Asie du Sud-Est et sur la rive Sud de la Méditerranée.

L’association développe une pluralité d’activités qui s’appuie sur le partenariat et la capitalisation mais également sur les approches de genre et de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Ces actions se développent en priorité avec la participation des jeunes, des femmes et des personnes migrantes. L’association s’engage ainsi à soutenir l’insertion socio-économique, renforcer les capacités des organisations de la société civile, organiser des actions de sensibilisation pour favoriser l’accès aux droits. BATIK International est membre de plusieurs plateformes dont le F3E.

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, Pauline de La Cruz intègre BATIK International en 2004. Elle y développe ses compétences de formatrice et d’évaluatrice et pilote des projets  dans le domaine de l’autonomisation économique des femmes. Spécialisée dans les pays du pourtour méditerranéen, elle assure depuis 2014 la direction de l'association.
PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Pour comprendre la professionnalisation des ONG, il faut se pencher sur l’histoire des relations entre les associations dites du Nord et leurs partenaires du  Sud, s’intéresser à l’évolution des équilibres et de leurs interdépendances. Dans une approche classique, les premiers apportent des appuis techniques et financiers à des organisations qui mettent en œuvre les projets sur le terrain, auprès des bénéficiaires. Ce système de relations plutôt descendant est remis en cause depuis une quinzaine d’années par la montée en puissance des acteurs des sociétés civiles du Sud. L’objet et les modalités d’appui des ONG du Nord à leurs partenaires sont alors questionnés : à quels besoins répondre ? Quelle est la plus-value des ONG d’appui ? Dans un cadre d’échanges plus horizontal, le nouvel équilibre qui se dessine amène les acteurs à sortir d’une approche techniciste du développement et à développer de nouvelles relations de coopération, en particulier autour d’une vision partagée du changement social recherché à travers le projet.  

Les métiers  doivent se réinventer et s’adapter à un nouveau système d’acteurs : comment les ONG d’appui s’adaptent-elles à la montée en compétences de leurs homologues et quels nouveaux profils sont-elles amenées à développer, parfois en tension avec d’autres fonctions ? Les dispositifs de formation continue destinés aux professionnels des ONG du Nord sont eux-mêmes impactés par l’émergence de nouveaux métiers : comment les organismes de formation cherchent-t-ils à développer des espaces d’apprentissage adaptés à des acteurs d’appui ? Et pour quels besoins méthodologiques ? Au final, derrière l’émergence de nouveaux métiers, se dessine un changement dans la transmission des savoirs, mais aussi dans la nature même des savoirs.

Notre contribution cherche à répondre à cette problématique à travers une analyse croisée de l’évolution des métiers au sein d’une ONG française, BATIK International, et de celle du dispositif de formation du F3E à destination des acteurs de coopération. Basé sur la prise de recul de pratiques, notre propos veut apporter une analyse de l’évolution des savoirs et des métiers avec en toile de fond, les mutations du système des acteurs du développement.

o   DIETSCH Laurent, coordinateur AVSF  pour l’Amérique Centrale jusqu’en 2016, RUAULT Claire, sociologue, chargée de recherche- formation. GERDAL , BAKKER Teatske, assistante technique. AVSF
L’appui à la transition agroécologique : quelle évolution des compétences pour passer du transfert de technologies à la dynamisation de processus locaux d’innovation ?

PRESENTATION DE LA STRUCTURE AVSF

AVSF est une organisation de solidarité internationale engagée depuis 40 ans dans l’appui aux agricultures familiales paysannes dans 20 pays. Elle a fait de l’appui à la transition agroécologique des agricultures du Sud, une de ses priorités. Dans ce cadre, elle cherche à faire évoluer ses dispositifs d’intervention dans une logique d’accompagnement des dynamiques locales d’innovation plutôt que de transferts  de techniques et diffusion de « bonnes pratiques ». Différents dispositifs ont été mis en œuvre et expérimentés dans ce but, en particulier à  Madagascar, au Togo, au Honduras et à Haïti.
PRESENTATION DE L’AUTEUR

Agroéconomiste, avec un master en développement rural, compte 25 ans d’expérience professionnelle dans la coopération au développement agricole et rural, en particulier en Amérique Latine, dans la formulation, exécution et évaluation de programmes et projets de développement agricole et rural. Il a été, entre 2011 et 2016, responsable de la coopération d’Agronomes et Vétérinaires sans Frontières (AVSF) en Amérique Centrale. Dans les actions de développement mises en place, une importance centrale a été donnée à l’accompagnement de communautés et organisations paysannes et indigènes depuis leur propres dynamiques sociales et aspirations afin qu’elles puissent mieux contrôler les conditions de leur développement face à d’autres acteurs.

Auparavant il a travaillé près de 20 ans, dans un contexte universitaire dans la formulation, coordination et mise en place de programmes de formation pour le renforcement de capacité des agents de développement agricoles/rural et articulation de la formation avec la recherche et les actions de développement. Il est membre du Groupe d'expérimentation et de recherche : développement et actions locales - GERDAL (www.gerdal.fr ) en lien avec lequel, différentes formations, recherche-actions et publications ont été réalisées sur la mise en place de dispositifs d’appui en accompagnement à des processus de changement en milieu rural.

Actuellement il travaille comme consultant indépendant surtout  en formulation et évaluation de projets dans lesquels il a incorporé depuis plusieurs années l’utilisation d’approches orientées changement dans un but de renforcement de capacités des acteurs. Il a, en particulier, évaluer des projets d’appui à la transition agro-écologique dans différents pays (Haïti, Madagascar, Togo). Leur analyse comparative a servi de base à la communication présentée dans le cadre du colloque.
PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

AVSF cherche à faire évoluer ses dispositifs d’intervention en appui à la transition agroécologique des modes de production paysans dans les pays du Sud,  dans une logique d’accompagnement plutôt que de transferts de techniques et diffusion de « bonnes pratiques ». Différents dispositifs ont été mis en œuvre et expérimentés dans ce but : paysans-relais (Madagascar), champs-écoles (Togo), concours paysans (Honduras), entre autres. Des évaluations et capitalisations de ces expériences ont permis d’approfondir la réflexion sur les compétences requises pour définir et mettre en œuvre des formes d’interventions en appui à des dynamiques locales de changement impulsées et portées par les agriculteurs sur la base de leurs initiatives et aspirations
Les recherches et expérimentations menées par le GERDAL en partenariat avec des équipes de développement, ont montré que les dynamiques d’innovation sont, pour les producteurs concernés, des processus collectifs de construction de nouvelles connaissances, finalisés sur la recherche de solutions aux problèmes qu’ils se posent et qu´ils renvoient à une activité propre de réflexion, de recherche et d’expérimentation. Ces travaux ont aussi mis en évidence que les compétences méthodologiques requises pour appuyer de tels processus supposent une évolution des conceptions des agents sur comment se produisent les changements en milieu rural ainsi que sur leur propre rôle. Si on ne passe pas de visions diffusionnistes et positivistes à des visions plus constructivistes, ces compétences risquent de se traduire par la persistance d´une relation « pédagogique », certes améliorée, mais toujours emprunte d’une certaine « supériorité » des techniciens et d’une logique de « conscientisation » des agriculteurs.
Par ailleurs, la plupart des interventions se réalisent dans le cadre de projets où la priorité tend à être donnée, de façon verticale, au strict respect de ce qui est indiqué dans le document de projet. La mise en place de modalités de travail, centrées sur l’accompagnement du changement, avec ce que cela comporte d’invention, de réajustements nécessaires au fil du déroulement des activités et des résultats, et en fonction des priorités et intérêts des groupes cibles, requiert donc aussi de nouvelles visions et compétences dans la gestion de projet. Un facteur important est alors de se donner des marges de manœuvre pour adapter les actions et l’utilisation des ressources, tout en maintenant une clarté et précision suffisante, en particulier face aux bailleurs de fonds sur les objectifs et résultats à atteindre et sur les moyens à mettre en œuvre.

Mettre à profit ces marges de manœuvre implique de construire des dynamiques autonomes de réflexion et de travail au niveau des « équipes projets » et d’accorder une grande importance à l’apprentissage collectif dans le suivi et la capitalisation des actions. Et pour renforcer les capacités des équipes chargées de formuler et mettre en place ce type de dispositif, il faut les doter d’outils spécifiques issus des sciences sociales, en articulant les interventions avec des activités de recherche appliquée, pour mieux comprendre les dynamiques locales d’innovation, et être en capacité d’analyser les effets produits sur ces dynamiques par les dispositifs mis en place.Les expériences analysées dans cet article permettent d’illustrer et de préciser ce que recouvrent ces différentes dimensions et compétences.

o   FORTUNÉ Franck, directeur et ROCA P.J., SO Coopération
La capitalisation d’expériences : qui apprend quoi ?

o   DAVID-GNAHOUI Moïse Emmanuel, Affilié à l’Université d’Abomey-Calavi (République du Bénin), Faculté des Sciences Humaines et Sociales (FASHS), Département de Psychologie et des Sciences de l’Éducation
Défis à l’efficacité de la formation professionnelle par apprentissage de type dual au Bénin

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Emmanuel M. DAVID-GAHOUI est analyste de politiques éducatives et titulaire d’un Ph.D. en Éducation Comparée et Internationale de Loyola University of Chicago (2002). Il s’est spécialisé dans l’évaluation des politiques publiques et des programmes et projets de développement, notamment ceux conduits dans le cadre de l’aide internationale. À ce titre, il a exécuté ou administré l’évaluation de nombreuses politiques publiques. En tant que Conseiller spécial du Ministre de l’Évaluation des Politiques Publiques, il participe depuis 2014 à un projet multi-pays (Afrique du Sud, Bénin, Ouganda) pour renforcer les systèmes d’évaluation et institutionnaliser l’utilisation des résultats d’évaluation au niveau local (Commune) et par la représentation parlementaire. Depuis 2008, sa recherche se focalise sur les questions d’efficacité et de qualité de l’éducation avec un accent sur l’orientation scolaire, la formation professionnelle et l’adéquation formation-emploi.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Le sous-secteur de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP) a été proclamé deuxième priorité du Gouvernement du Bénin en matière d’éducation. Toutefois, cela ne se traduit pas en un ETFP actif, innovateur et transformateur de l’économie, non seulement par les ressources humaines qu’il génère, mais aussi par le progrès technique et l’amélioration de la qualité de vie qu’il promeut.

Portant le préjudice socioculturel d’être considérée comme l’école de ceux qui ont échoué dans l’enseignement général, la formation professionnelle a toujours été majoritairement prise en charge par l’aide extérieure. Cette aide extérieure aléatoire et soumise surtout à l’agenda des bailleurs, peine à produire les résultats que l’on est en droit d’escompter parce que les processus et mécanismes de pilotage endogènes de nature à prendre le relais de l’appui des partenaires techniques et financiers (PTF) sont peu fonctionnels.

La présente étude est de nature essentiellement qualitative. Par la recherche documentaire, elle visite le système dual en Allemagne et en Suisse et reconstitue l’historique de la formation professionnelle par apprentissage de type dual au Bénin. A travers des entretiens tout le long de la chaîne des acteurs de la formation (269 personnes interrogées), des visites de sites (38 centres de formation et 13 métiers couverts), des observations et suivis de formation, elle s’est investie à déterminer les conséquences pour l’apprentissage de type dual de la faiblesse du financement endogène.

Cette étude sur la formation par apprentissage de type dual révèle que la formation est fortement tributaire de l’aide extérieure. Elle poursuit en mettant en exergue que les volets : recrutement des apprentis, renforcement des capacités des maîtres-artisans, formation des formateurs, apprentissage, évaluation, supervision et contrôle, conception et mise à jour des curricula, etc., subissent tous des dysfonctionnements critiques. En l’absence d’une réponse énergique et opportune des autorités en charge de l’ETFP en matière de financement, ils pourraient provoquer une déliquescence structurelle et durable de ce sous-secteur de l’éducation béninoise. L’apport budgétaire du gouvernement dans la formation par apprentissage de type dual au Bénin étant minime en comparaison de celui des bailleurs extérieurs, les résultats mitigés obtenus sont le témoin d’une aide extérieure engluée dans un cercle d’inefficacité à donner à l’apprentissage de type dual l’importance qui doit être la sienne. Après avoir présenté des mécanismes de financement existants au niveau des pays comparables, l’étude recommande, en dehors du financement à base fiscale, une prise en charge budgétaire intégrale de la part du gouvernement comme c’est le cas avec l’enseignement général.

o   BUCLET Benjamin, Socio-économiste du développement, Centre de Recherche et d'Expertise sur l'Education et le Développement
L’évaluation de projets par le mentorat est-elle possible ?

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Benjamin Buclet est socio-économiste du développement (EHESS). Après une dizaine d’années de recherche au Brésil où il a étudié les ONG en Amazonie, il a intégré l’IRD pour devenir responsable des activités de renforcement des capacités. Il est maintenant Président-fondateur du Centre de Recherche et d’Expertise sur l’Education et le Développement (CREED), qu’il a créé dans l’objectif de faire dialoguer le monde de l’expertise et celui de la recherche autour de deux axes de travail qui sont le reflet de ses centres d’intérêt : la compréhension et l’amélioration des processus de développement notamment par l’étude des acteurs d’une part ; la production et le transfert des connaissances à travers l’analyse des systèmes d’enseignement supérieur et de recherche dans les pays en développement d’autre part.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Les bailleurs de fonds du développement ont, depuis une vingtaine d’années, graduellement adopté la pratique de l’évaluation externe pour mesurer la qualité de leur travail et des projets qu'ils financent. Cette pratique est devenue la norme en matière de suivi-évaluation et s’est professionnalisée, donnant lieu à une véritable ingénierie internationale (dont le dispositif ROM (Result Oriented Monitoring) de la commission européenne est une bonne illustration).

Le domaine du renforcement des capacités de recherche a suivi la tendance mais, sans doute en raison de ses spécificités (forte articulation avec les institutions publiques, production de connaissances scientifiques, proximité académique), il a vu émerger d’autres formes d’accompagnement.

Certaines organisations ont adopté la pratique systématique du « mentorat » comme un élément central de leur travail de renforcement des capacités de recherche. Le mentorat prend des formes variées mais consiste globalement à attribuer des conseillers scientifiques et techniques à tous les bénéficiaires de façon à leur offrir un regard externe portant sur la progression de leur projet, et ce de façon continue, régulière ou à la demande, tant pour les bénéficiaires que pour le bailleur. Intermédiaires, les conseillers scientifiques et techniques suivent de près, mais à distance, le développement d'un projet et ses externalités. Leur position facilite également, pour le bailleur, le contrôle et la surveillance des activités soutenues.

Dans cette communication, nous poserons comme hypothèse qu’il est possible d’enrichir la pratique du mentorat pour lui permettre de remplir la fonction habituellement jouée par l’évaluation externe. L’idée centrale est que le mentorat pourrait offrir une alternative viable aux approches classiques d'évaluation externe, qui reposent davantage sur une technicité pointue que sur la connaissance approfondie du contexte et des dynamiques sociales propres au terrain d’intervention – connaissance essentielle pour comprendre et analyser de façon pertinente un projet.

                     Animation : Anne Le Naëlou, Bouba Nouhou

3.      Normes et compétences dans des enjeux transversaux

o   VALADEAU Céline, chercheure Ifea, représentante de l’antenne de Bogotá (Colombie), Umifre 17 Maedi/CNRS-USR 3337 America Latina (Sous réserve de confirmation)
Existe-t-il vraiment un transfert des « normes occidentales » ? Réflexions sur les formes de discours liés à la santé publique en Amazonie (Colombie, Pérou)
o   WAMBA Rodolphine Sylvie, professeure titulaire des universités en Sciences du langage, Université de Yaoundé 1
Communication et éducation : gage de réussite des projets de développement durable en Afrique

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Diplômée des Universités de Yaoundé I au Cameroun et de Rennes 2 en France, Madame Rodolphine Sylvie WAMBA est actuellement Professeur titulaire en Sciences du langage à l’Université de Yaoundé I au Cameroun. Membre de deux réseaux de chercheurs de l’AUF et de plusieurs sociétés savantes au Cameroun et à l’étranger, à l’instar de l’équipe camerounaise de recherche en Littératures et Linguistique appliquées au développement (ERLLAD), Laboratoire PREFIcs (Plurilinguismes, Représentations, Expressions francophones, Information, Communication, Sociolinguistique) de l’université de Rennes -2, elle compte à son actif une trentaine d’articles, notes de lecture et ouvrages dans des champs de recherche assez variés. De ses publications en lien avec le thème du colloque actuel, on peut citer : «Problématique des  langues et question de développement en Afrique francophone subsaharienne » in Nouvelles Etudes Francophones, Vol.21, n°2, pp. 136-148, 2006 ; « L’émergence d’un sujet plurilingue et multiculturel en Afrique francophone subsaharienne comme gage d’intégration régionale et d’accès à la modernité » in Actes de Colloque, Paris, L’Harmattan, pp.323-338,2010 ; «  L’intercompréhension : une conscience métacommunicative pour une plus grande valorisation de l’interculturel » in Eds. Blanchet et Martinez, Pratiques innovantes du plurilinguisme – Emergence et prise en compte en situations francophones, AUF-EAC, pp 193-197, 2010.

Comme on peut le constater, l’une de ses préoccupations est d’afficher l’intérêt des aspects linguistique et culturel dans tout ce qui touche les questions de développement. Membre du comité scientifique dudit colloque et animée par le même esprit, elle s’est engagé à faire une présentation qui porte sur « Communication et éducation : gage de réussite de tout projet de développement durable en Afrique ».

o   MARIUS Kamala, UMR Lam, UBM, CARIMENTRAND Aurélie, UMR Passages, UBM et BALLET Jérôme, UMR GREThA, Université de Bordeaux ; CARIMENTRAND Aurélie, UMR Passages, UBM

Quel rôle pour les producteurs dans la gouvernance du commerce équitable ? Enjeux pour les acteurs de la solidarité internationale

PRESENTATION DE L’INTERVENANTE

Maîtresse de Conférences depuis 1996, Kamala Marius a mené ses activités d'enseignement successivement à l'UFR de Géographie et d'Aménagement de l'Université Paul Valéry (Montpellier 3 et antenne de Béziers) de 1996 à 2001, à l'UFR des Sciences des territoires et de la communication de l'Université Bordeaux Montaigne de 2003 à 2016 et parallèlement à l'Université de Strasbourg (IEP Strasbourg) depuis septembre 2014. A Montpellier comme à Bordeaux et à Strasbourg ses thématiques d'enseignement ont couvert un très large éventail du champ géographique, on peut noter une orientation claire durant ces dernières années dans le champ des études urbaines (urban studies) des études de genre (gender studies) et des études de développement (development studies).

Son activité de chercheure a une forte dimension internationale et pluridisciplinaire, par son implication en tant que chercheure au LAM et chercheure associée à l'Institut Français de Pondichéry (Inde) depuis près de 30 ans. Plusieurs champs thématiques ont été successivement explorés depuis son doctorat autour de la problématique des mobilités spatiales et des recompositions sociales en milieu rural, dans les villes petites et moyennes et dans les mégapoles. Au-delà de la question du rôle du microcrédit dans la lutte contre la pauvreté largement débattue par les économistes dans le contexte indien, c'est plutôt la question du processus d'empowerment des femmes dans le contexte des self help groups (groupes d'entraide) qui a fait aussi l'objet de ses travaux de recherche.

La possibilité de travailler dans le contexte d'un district industriel en Inde du Sud, où près de 90% des ouvriers sont des femmes, l'a incitée à mobiliser de nouveaux outils conceptuels en géographie comme celui du genre ou celui de l'intersectionnalité pour appréhender les mobilités quotidiennes et résidentielles liées au travail et les rapports socio-spatiaux de genre dans le cadre de villes industrielles. Ses travaux ont fait l'objet d'un ouvrage (les inégalités de genre en Inde, regards au prisme des études féministes postcoloniales) de 300 pages paru chez Karthala en 2016.

Une participation active à des programmes collectifs de recherche financés par l'ACI et l'ANR lui a permis de mener des travaux essentiellement sur dynamiques urbaines indiennes, en particulier sur la périurbanisation (2004-2007), sur le système urbain indien (2008-2010) et sur les petites villes (2011-2014). L'arrivée à maturité du corpus Geopolis/Indiapolis offre un outil intéressant pour l'analyse spatiale de la structuration des systèmes de villes. Par ailleurs, grâce à une grosse enquête menée auprès de 130 entreprises et de 400 ménages dans des villes industrielles du cuir du pays tamoul, elle a pu mettre à l'épreuve les théories de la résilience urbaine économique. Son intégration récente à l'UMR LAM de Sciences Po Bordeaux lui permet d'élargir ses perspectives de recherche sur les questions urbaines dans le cadre de l'IDEX bordelais « Forum urbain », notamment sur le rôle du numérique dans la fabrique urbaine.

o   NFON DIBIE Azara Remalia, chargée de projets Burkina Faso, Gret

Entre injonction institutionnelle et hostilité contextuelle, les organisations de développement prennent la marche vers l’égalité de genre au Burkina Faso

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Azara Nfon Dibie travaille au Gret Burkina Faso depuis plus de sept ans sur des projets Filières agroalimentaires et Genre, plus spécifiquement sur les produits forestiers non ligneux (karité, néré, miel, liane goïne, etc.). Sa première expérience de l’approche genre remonte au projet Karité (2010-2013) dont elle fut la cheffe de projet. Ce projet financé par le Fonds de solidarité Prioritaire (FSP) du MAE a financé sa participation à des formations sur le genre, notamment au CIF de l’OIT et à des ateliers sur l’intégration du genre. Depuis lors, elle est intervenue sur plusieurs projets du Gret, comme par exemple le projet « Zazou » en Mauritanie, Mobisan ou Repam au Burkina Faso. Elle a également rédigé des articles sur le genre dans la filière karité. Depuis 2016, elle intervient en formation professionnelle continue (Licence et Master) à l’université Aube Nouvelle (Burkina Faso) sur le suivi-évaluation axé sur le genre.

o   TINTURIER Zoé, doctorante, Lam, Sciences Po Bordeaux
L’apprentissage des techniques managériales par les acteurs de l’aide : quelle(s) conception(s) de la pauvreté ?

PRESENTATION DE L’AUTEURE


Cette présentation est issue d’un travail de thèse en science politique débuté en septembre 2015 au laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM) sous la direction de Dominique Darbon. Ce travail porte sur la construction d’une nouvelle perception de la pauvreté par les acteurs internationaux et sa réappropriation par les acteurs malgaches. Deux terrains ont été réalisés à Madagascar depuis le commencement de ma thèse :

-Un premier terrain de mars à juin 2016 a permis la sélection de deux cas d’étude de partenariat ONG-entreprise (l’un dans le secteur de l’assainissement, le deuxième dans le secteur de la nutrition).

- Un deuxième terrain (octobre 2016 à février 2017) par la mise en place de méthodes d’enquête (observation participante, entretiens). La réalisation d’une expertise pour une des deux ONG étudiées a notamment facilité la compréhension des logiques des acteurs de l’aide tout en me plaçant dans une position particulière en tant qu’observateur, impactant sur ma manière de percevoir et d’être perçue par les enquêtés.
Cette réflexion s'intègre par ailleurs dans deux programmes de recherche:

- Le projet FAPPA (Faire des politiques publiques en Afrique) dirigé par Olivier Provini (LAM) et Dominique Darbon (LAM)

- Le projet Protection sociale dirigé par Claire Gondard Delcroix (Gretha)

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Cette présentation propose de placer le phénomène de professionnalisation de l’aide internationale dans une dynamique plus large de reconfiguration du secteur de l’aide au développement autour de la logique de marché.

L’entreprise apparaît de plus en plus aux ONG comme le choix le plus approprié pour répondre à leurs problématiques. La valorisation de la pérennité du projet et de l’autonomie qu’elle procure à ses bénéficiaires (libérés de la dépendance du don), à l’ONG (par rapport à un Etat considéré inopérant ou vis-à-vis de bailleurs classiques jugés trop contraignants), ou au projet lui-même (qui doit pouvoir in fine se passer du soutien de l’ONG) justifient le recours à des financements privés et à l’acquisition de techniques commerciales.

Cette transition doit pour nous être mise en lien avec le processus de managérialisation des ONGs et la quête d’efficacité des acteurs de l’aide[1]. Sans vouloir mesurer cette efficacité, notre propos cherchera davantage à comprendre les effets socio-politiques de cette quête de performance technique. La pérennisation des projets de développement et la mise en forme de l’entreprise comme technique de lutte contre la pauvreté s’insèrent pour nous dans un processus progressif qui n’est pas réductible au monde de l’aide. Ce processus s’explique notamment par l’intérêt d’acteurs externes (internationales et locales) qui entrent en contact avec ces ONG et participent à la construction d’un nouveau regard sur la pauvreté et d’une nouvelle orientation des techniques pour la combattre.

A travers l'exemple d'un cas d'étude de partenariat ONG-entreprise basé à Antananarivo (Madagascar)[2], cette présentation cherchera à mettre en avant la tendance à considérer la catégorie "pauvreté" à travers une logique de marché.

                      Animation : Elisabeth Hofmann, Marie Mellac

En soirée : Visite guidée « Bordeaux Nègre » (sur inscription)

MARDI 12 SEPTEMBRE

Maison des Suds, Esplanade des Antilles, Pessac

9h – 10h30   Plénière : Diversité des modes d’engagement et des raisons d’agir
o   ANDRE LAMAT Véronique, DUFEAL Marina, MCF, géographes, Université Bordeaux Montaigne, UMR 5319 Passages ; LEROUX Céline, docteure en sciences de l’éducation, chercheure associée à l’UMR 8070 CERLIS, PISSOAT Olivier, ingénieur d’études, CNRS, UMR 5319 Passages
Des circulations : des data, des femmes et des hommes.

PRESENTATION DES AUTEUR.E.S

Cette communication est le fruit d’une réflexion faisant suite à la réalisation de l’ouvrage collectif « Engagements volontaires et solidaires à l’international - Cartographie 2017 », où sont déclinées sous des formes diverses (articles de fond, démarches méthodologiques, témoignages, mises en scène visuelles graphiques, cartes, etc.) les évolutions des dynamiques d’engagements volontaires. Ce travail constitue une radiographie et une mise en image des engagements volontaires et solidaires à l’international qui mettent en visibilité les enjeux actuels et les évolutions qui traversent le secteur, les grands indicateurs qui permettent de prendre le pouls du volontariat à l’international, les parcours des volontaires, qui d’une certaine manière transitent dans de la donnée. Il s’agissait également de mettre en lumière différents points de vue et modes d’écriture relatant les réalités de l’engagement volontaire et solidaire, cette diversité s’incarnant dans de multiples aspérités du projet : que ce soient dans les modes d’écritures ou dans  l’association d’articles de fond et des paroles de volontaires.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Cette communication est le fruit d’une réflexion faisant suite à la réalisation de l’ouvrage collectif « Engagements volontaires et solidaires à l’international - Cartographie 2017 », où sont déclinées sous des formes diverses (articles de fond, démarches méthodologiques, témoignages, mises en scène visuelles graphiques, cartes, etc.) les évolutions des dynamiques d’engagements volontaires. Ce travail constitue une radiographie et une mise en image des engagements volontaires et solidaires à l’international qui mettent en visibilité les enjeux actuels et les évolutions qui traversent le secteur, les grands indicateurs qui permettent de prendre le pouls du volontariat à l’international, les parcours des volontaires, qui d’une certaine manière transitent dans de la donnée. Il s’agissait également de mettre en lumière différents points de vue et modes d’écriture relatant les réalités de l’engagement volontaire et solidaire, cette diversité s’incarnant dans de multiples aspérités du projet : que ce soient dans les modes d’écritures ou dans  l’association d’articles de fond et des paroles de volontaires.

o   LEROUX Céline, chercheure associée au Centre de Recherche sur les Liens Sociaux, CERLIS – UMR 8070, Université Paris Descartes
Les parcours professionnels après un volontariat de solidarité internationale, révélateur d’un travail social sans frontières ?

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Céline Leroux travaille depuis une quinzaine d’années dans le champ de la solidarité internationale et de l’aide au développement. Elle est diplômée d’un doctorat en sciences de l’éducation sur les parcours professionnels après un volontariat solidaire à l’international et est chercheure associée au Centre de Recherche sur les Liens Sociaux à l’université Paris Descartes (UMR8070). Son travail a été mobilisé dans l’évaluation des politiques publiques en matière de mobilité internationale des jeunes réalisée en 2015. Elle est également membre du comité de lecture de la collection de l’Injep Les Cahiers de l'action. Jeunesses, pratiques et territoires.

o   KOJOUE Larissa, Chercheure associée, FPAE Yaoundé
Per diem et projets de développement, la tâche aveugle du marché de l’aide internationale

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Larissa Kojoué, Post doctorante Organisme Régional pour la Santé-Provence Alpes Côte d’Azur (Marseille), chercheure associée Fondation Paul Ango Ela de géopolitique en Afrique centrale (FPAE), Yaoundé. La recherche postdoctorale porte sur l’impact d’internet dans la sexualité et son opportunité pour la prévention du VIH/sida au Cameroun. Les domaines d’intérêt de l’auteure sont : Politiques de développement, Santé globale, VIH/SIDA, Citoyenneté, Genre et droits humains.

o   TALLIO Virginie, Research fellow, Institute of Social Research, Makerere University, Kampala
La RSE : une particularité au sein du secteur de l’aide au développement ? Modes d’action et engagements

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Virginie Tallio est chercheuse au Makerere Institute of Social Research (Makerere University, Ouganda). Elle s'intéresse à la responsabilité sociale des entreprises pétrolières et à la manière dont leurs politiques reconfigurent le paysage du développement. Ses recherches portent également sur les réfugiés, entre autres sur les dynamiques locales et nationales générées par les projets d'aide humanitaire en leur faveur, et sur les camps de réfugiés en tant qu'espace social ; la santé publique, notamment les utilisations politiques des programmes de santé publique ; et les méthodes ethnographiques, particulièrement sur les terrains sensibles (camps de réfugiés, zone post-conflits et d'exploitation pétrolière, entreprises pétrolières). Ses terrains de recherche se situent en Afrique, plus particulièrement en Angola et en Ouganda.

o   WESTERVELD Rosie, Chercheure associée, Institut d’éducation de l’University College London

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Rosie Westerveld est chercheure à l'Institut d'Education de l'University College London sur les questions de genre, violence, éducation et coopération internationale. Elle travaille sur l'Initiative Eliminer les Violences de Genre en Milieu Scolaire, en partenariat avec l'UNICEF et soutenu par le Partenariat Mondial pour l'Education, l'Initiative pour l'éducation des filles de l'ONU et le PBEA. Elle est en charge de coordonner les pays africains francophones de l'Initiative. Elle s'apprête à débuter sa thèse à l'Université de Sheffield qui portera sur les partenariats inter organisationnels entre le Sud et le Nord dans le secteur de la coopération internationale, et les modalités nécessaires en vue de les rendre plus équitables et durables. Rosie apprécie également l'opportunité de collaborer plus directement avec les ONG et OSC et développe ses services de consultance autour de thématiques liées aux droits humains, aux droits des femmes et au genre, aux mouvements sociaux, à l'alimentation, à l'éducation et aux méthodologies et pédagogies participatives.


                    Présidence : Philippe Ryfman, Elisabeth Hofmann


10h45 – 13h15   Ateliers, 2e série
4.      Des enjeux de la professionnalisation à géométrie variable

o   SOUKOUNA Sadio, docteure en sociologie politique, Docteure Sociologie politique, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, UMR Développement & Sociétés/IMAF
Configuration hybride et figures plurielles de la coopération internationale des collectivités territoriales françaises et maliennes

o   AMOUZOUN Emmanuel, doctorant, Université Paul Valéry Montpellier
Les petites associations locales de solidarité internationale : le défi de la professionnalisation

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Emmanuel, sociologue, doctorant (2ème année) à l’université Paul-Valéry Montpellier 3, Ecole doctorale 60- Territoires, Temps, Sociétés et Développement, Unité de recherche LERSEM-Laboratoire d’Etudes et de Recherches en Sociologie et Ethnologie de Montpellier, Equipe de recherche IRSA- Institut de Recherche en Sociologie et Anthropologie ; Chargé de TD à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3. Directrice de thèse : Hélène HOUDAYER, MCF-Habilitée en sociologie.

o   DESSAIVRE Jean-Claude, président de l'association Les Amis d'Handri
Les petites associations : l'artisanat de la solidarité internationale

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Président depuis 2011 de l'association Les Amis d'Handri, une « petite association » d'une centaine d'adhérents qui soutient un Centre qui accueille des enfants et jeunes de milieux très défavorisés dans la banlieue de Antananarivo pour permettre leur scolarisation. Président pour l'année du collectif Madagascar 44 (12 associations) Professionnel : j'étais professeur de mathématiques dans le secondaire Autres études : entre 1995 et 2000, sociologie à Nantes (DEA sur les transformations des formes d'engagement militant).

o   JOUAULT Samuel, Professeur-chercheur associé – Faculté de Sciences Anthropologiques – Université Autonome du Yucatán Mexique, Chercheur associé Centre d´Etudes Mexicaines et CentrAméricaines
Tourisme et sociétés locales en Amérique latine : une approche « sentipensante » de l´agent de développement puis de l´universitaire

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION
Après dix années d´expériences professionnelles dans le secteur du développement durable et la solidarité internationale et plus spécifiquement du tourisme rural communautaire, l´échelle d´intervention communautaire ainsi que les savoir-faire comme les connaissances acquis pour y agir et travailler seront largement abordés ici. Loin de présenter une autobiographie, met au centre de la réflexion la recherche action participative, le rôle de la responsabilité sociale universitaire dans les pays du Sud, l´interculturalité dans la formation d´acteurs du changement et s´appuiera sur de nombreux exemples en Amérique Latine.

o   ARRIBE Bertrand, Cooperation Concept, Spécialiste Appui de projets, management interculturel, levée de fonds et RSE, Chargé de cours des universités Toulouse II, Toulouse III, Sciences Po Toulouse


PRESENTATION DE L’AUTEUR
Après 10 ans de bénévolat dans la Solidarité Internationale et des études spécialisées sur les pratiques des ONG et les différents acteurs de la coopération (migrants, entreprises, etc.), il fonde Coopération Concept en 2009.

Depuis, il accompagne et forme tous types d’acteurs (associations, ONG locales, acteurs publics locaux, ministères, etc.) aux questions de management et de financement des projets de développement et de Solidarité Internationale.

PRESENTATION DE LA COMMNICATION

L’expérience et l’approche empirique ont longtemps formé la base de l’apprentissage et de la formation dans les ONG. On considérait même au sein des ONG qu’il fallait être formé « sur le tas » et « sur le terrain ». Depuis les débuts de l’implication des ONG modernes dans les processus de développement, le contexte a fortement évolué par la multiplication des acteurs, ainsi que la diversification et la complexification des projets.

Aujourd’hui, toutes les organisations font part de leur besoin de personnels (bénévoles ou salariés) formés et compétents. Une culture de l’efficacité, valeur de base des ONG, s’est développée et a largement été adoptée par l’ensemble des acteurs du secteur. Dans un contexte de multiplication des Organisations de Solidarité Internationale (OSI), les structures recherchent des personnels déjà formés et directement opératoires. Le fort turn-over des personnels et l’impulsion des bailleurs de fonds ont contribué à développer certains référentiels et pratiques standardisés. L’exemple le plus illustratif est le Cadre Logique.

La mise en place de ces référentiels communs n’a pas toujours été reçue avec enthousiasme et n’a pas toujours appliquée selon les règles. L’argument souvent mis en avant est la singularité de chaque terrain qui ne permettrait pas la mise en place d’une approche avec des méthodes reproductibles. A cela il faut ajouter le fait qu’un nombre important de personnes ne maîtrisent pas, ou mal, ces méthodes reproductibles et un nombre encore plus grand n’en voit pas l’intérêt. Pourtant, sous couvert d’adapter leurs pratiques à chaque terrain, ce sont souvent ces mêmes personnes qui font du copier-coller de leurs pratiques d’un projet sur l’autre sans toujours se questionner sur la pertinence des outils.

 Aujourd’hui, le débat semble relativement tranché ; les grandes organisations ont compris l’intérêt de ces pratiques de diagnostic, conception, management et évaluation, reproductibles et suffisamment souples pour pouvoir être adaptées aux réalités du terrain. De tous les domaines, le management de projet et son fonctionnement par objectifs, bien qu’au centre des pratiques, est source de nombreuses critiques. Certaines de ces critiques sont totalement fondées, alors que d’autres découlent en réalité des pratiques et habitudes des praticiens du développement. Il est donc important de bien identifier les évolutions du management dans le domaine de l’aide au développement ainsi que les champs de compétences au sein d’un projet, pour mieux préparer les responsables de projet à leurs tâches, ainsi que de s’interroger sur la place de l’empirisme dans le processus d’apprentissage et de management…

       Animation : Delphine Vincenot, Kamala Marius
10h45 – 13h15   Ateliers 2e série (suite)
5.      Postures et trajectoires d’experts
o   NGANONGO Ossere Julio, enseignant-chercheur, coordonnateur de la Commission Recherche et Publication du Laboratoire Population et Développement (Lapodev), Facultés des Lettres et des Sciences Humaines / Sciences Economiques, Université Marien NGOUABI de Brazzaville, Congo
Projets de développement en Afrique subsaharienne, entre changement social et normes sociales : l’agent du développement à l’épreuve du terrain

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Titulaire d’un doctorat en sociologie, ancien étudiant de la licence professionnelle ″Chargé-e de projets en solidarité internationale et développement durable″, Julio Ossere NGANONGO est enseignant-chercheur à l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville (Congo). Il intervient aussi bien à la Faculté des lettres et des sciences humaines qu’à la Faculté des sciences économiques où il est également Coordonnateur de la commission recherche et publication du Laboratoire Population et Développement (LAPODEV). Il est intervenu plusieurs années auprès du Système des Nations Unies (UNICEF, UNFPA, OMS, PAM) comme Spécialiste de la communication pour le développement (C4D), du changement des normes sociales et du management du changement. Ses travaux portent essentiellement sur les mobilisations, et les dynamiques territoriales au Congo et au Sénégal.


La situation économique et sociale est globalement préoccupante en Afrique subsaharienne. Avec les crises économiques, les conflits facteurs de pauvreté et de précarité, les maladies épidémiques et endémiques, la pandémie VIH-Sida et une multitude de populations souvent stigmatisées, rejetées et vivant en marge du développement, les gouvernements, les agences onusiennes et les ONG se retrouvent au cœur d’enjeux importants nécessitant des interventions à même de résorber des situations et éviter des drames humanitaires.

Ces interventions, résultant de stratégies et plans déclinés sous forme de projets de développement, ont le plus souvent pour bénéficiaires des sociétés et des communautés aux traditions parfois réfractaires aux transformations sociales jugées indispensables au bien-être humain et au changement social au sens de Norbert Elias qui le définit ainsi : « … le concept de “changement social” est souvent utilisé comme s’il s’agissait d’un état donné. On passe en quelque sorte de l’état statique conçu comme état normal, au mouvement conçu comme état exceptionnel. »

Ainsi, l’acteur, au demeurant formé et expérimenté, mu par une volonté d’apporter du changement dans une situation diagnostiquée comme précaire, se retrouve pris en étau entre sa mission d’agent de développement, sa préoccupation d’agir, dans des situations très souvent urgentes, et les normes sociales qui sont non seulement l’ensemble des us et coutumes qui régissent et régulent les comportements, les interactions au sein d’une société donnée et qui constituent des formes de représentations ou schèmes(formes, configuration) mais aussi « la sanction implicite des mœurs et des règles». Dans ce contexte, l’agent de développement doit-il agir au nom des droits de l’homme, de son éthique professionnelle ou se conformer aux normes sociales locales et se mettre à dos les leaders traditionnels locaux ?

En fait, sur le terrain, l’intervenant se retrouve face à des situations non prévues par sa formation ou son cursus académique. Il doit user de son imagination et du bon sens pour atteindre les objectifs escomptés. Il use ainsi de différentes de stratégies de contournement des normes sociales locales.

Certains, comme dans le cas des programmes élargis de vaccination dans certaines localités de la République démocratique du Congo ou dans le cadre des interventions dans le milieu autochtone en Congo-Brazzaville, développent des stratégies d’infiltration de communautés afin d’influer sur les normes sociales de l’intérieur ou s’adaptent au mode de vie des bénéficiaires afin de réaliser les activités prévues.

L’intérêt de cette communication est de montrer l’imprévisibilité du terrain dans lequel l’intervenant souvent convaincu d’être suffisamment formé et outillé pour tout affronter.


o   PRIGENT Lorène, présidente et MONCOND’HUY Léonore, directrice de projet, Cayambe Education
Pour un renouvellement des pratiques d’expertise dans l’aide Publique au Développement
PRESENTATION DE L’AUTEURE

Le groupe CAYAMBE est un cabinet de recherche et de conseil qui intervient en appui au développement et à la qualité de l'éducation et de la formation, du préscolaire au supérieur. Basée dans la région de Brest et à Paris avec des correspondants permanents dans de nombreux pays sur le continent africain (Mali, Tunisie, RDC, Niger…), notre équipe dispose d'une expertise spécialisée, reconnue à l’international mais aussi en France où nous mettons notre savoir-faire à la disposition des collectivités publiques et acteurs privés. Nous avons à cœur d’allier ambition et efficacité au service de la réussite des projets et plaidons pour un renouvellement des pratiques d’expertise, plus respectueux de l'environnement local et national des pays où nous intervenons. Nous nourrissons nos interventions des acquis de la recherche et contribuons à des avancées significatives en tirant les leçons du terrain, en lien avec de nombreuses et prestigieuses institutions de recherches et universités en France et en Europe. Notre approche globale appelle de ses vœux un changement de paradigme dans la mobilisation d’expertise et l’appui aux dispositifs sectoriels nationaux. Présidente de Cayambe Education, Lorène Prigent est spécialiste des systèmes éducatifs francophones et européens, et allie une expérience reconnue en pilotage de projets internationaux, et un investissement dans les institutions éducatives européennes et françaises. Léonore Moncond’huy a rejoint les équipes de Cayambe en 2016 et y occupe les fonctions de directrice de programmes

o   SEGALINI Céline, Ater, Sciences Po Bordeaux, chercheuse associée au Lam
Professionnalisation des consultants sénégalais d’une unité de gestion de projet : conception pragmatique du métier, transformations institutionnelles et gestion de projet
PRESENTATION DE L’AUTEURE

Docteure en sciences politiques de l'Université de Bordeaux/Sciences Po Bordeaux depuis décembre 2014, Céline Ségalini actuellement chercheuse associée au laboratoire 'Les Afriques dans le monde'. Durant son doctorat, elle s'est spécialisée sur l'intégration professionnelle de Sénégalais impliqués dans la mise en oeuvre de l'aide-projet afin de comprendre l'appropriation des discours environnementaux par ces individus. Elle poursuit actuellement ses recherches sur cette thématique en se focalisant plus particulièrement sur la professionnalisation des acteurs de l'aide chargés de la communication audiovisuelle des dispositifs d'aide, l'objectif d'une telle recherche est de comprendre les représentations du monde qui sont véhiculées dans les films pour le développement et plus largement dans un contexte d'aide devenu de plus en plus concurrentiel

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Les diplômes universitaires et/ou l’expérience en gestion du personnel des unités de gestion de projet constituent un enjeu central pour les bailleurs dans l’administration efficace de l’aide. Or, on peut se demander si ces critères suffisent à eux seuls à éclairer le processus de professionnalisation et d’engagement de ces individus dans leur travail. Pour fournir des éléments de réponse à ce questionnement, cette communication se base, méthodologiquement, sur une enquête qualitative menée entre 2011 et 2012 auprès de consultants sénégalais recrutés dans l’unité de gestion d’un projet environnemental, et théoriquement sur une conception sociologique de la professionnalisation. Elle montre que le processus de professionnalisation de ces consultants, façonné par une conception pragmatique du métier et des mutations institutionnelles liées à la trajectoire de l’État sénégalais, n’est pas sens effet sur la gestion procédurière du projet et la distance au travail qu’ils peuvent manifester.

o   BEERLI Monique, doctorante, Sciences Po Paris-Ceri, University of Geneva
“Professionalizing” Humanitarian Security: Intra-Professional Power Struggles and Socio-professional Hierarchies

PRESENTATION DE L’AUTEURE
Monique J. Beerli est actuellement chercheuse à l’Université de Genève et Sciences Po Paris. Elle termine sa thèse de doctorat en relations internationales qui porte sur la professionnalisation de la sécurité humanitaire. Avec un regard historique et sociologique, ses travaux regardent des luttes socio-professionnelles pour comprendre des changements dans la manière que les organisations humanitaires gèrent des insécurités rencontrées sur leurs terrains d’intervention. Pour élargir l’application d’une typologie des luttes inter/intra-organisationnelles et des luttes inter/intra-professionnelles élaborer dans le cadre de sa thèse, elle prépare actuellement un nouveau projet de recherche sur les politiques de professionnalisation des organisations internationales. Ses travaux ont été publié dans le revue Global Governance et dans un livre édité par MSF-CRASH, Secourir sans périr.
PRESENTATION DE LA COMMUNICATION
In recent years, practitioners and scholars have pointed to the rising professionalization of security management within humanitarian organizations. Despite an ever-growing literature on security management as a domain of expertise and professional competency, to date, there has been no serious analysis of who have come to legitimately represent and occupy a position this newly emerging professional space. Drawing from sociology of professions and Bourdieusian sociology, this paper proposes an examination of intra-professional struggles and socio-professional hierarchies constitutive of professionalization. Although a transnational professional group of humanitarian security specialists, both within and outside of humanitarian organizations, has slowly emerged since the 1990s, there are no clearly defined criteria constituting a barrier of entry into this professional domain. As a consequence, a relative degree of heterogeneity can be observed in the career trajectories and professional experiences of humanitarian security specialists. Through an analysis of biographical interviews with humanitarian security practitioners, alongside their curriculum vitae, this presentation will demonstrate the structuration of the socio-professional microcosm of humanitarian security. Giving significant attention to modes of distinction and competing socio-professional dispositions, I put into perspective structural oppositions between humanitarian/security career trajectories, permanent staff/consultants, and national/international staff.

o   WORLEIN Jan, ATER en science politique, Université de Lille 2 (Sous réserve de confirmation)
Les trajectoires professionnelles du monde humanitaire en Haïti

       Animation : François Enten, Rohen D’Aiglepierre


6.      Les formations de l’aide internationale : vers quelles compétences ? 

o   BREGEOT Ghislain, directeur de l’IFAID Aquitaine
La professionnalisation des acteurs du développement, de quoi parle-t-on ?

PRESENTATION DE LA STRUCTURE
IFAID Aquitaine, organisme de formation professionnelle sous statut associatif, contribue depuis plus de 30 ans à former des professionnels qui agissent dans le développement, que ce soit à l’international, en Europe ou en France. A ce titre IFAID Aquitaine a développé une formation professionnelle, de 3 ans, puis 2 ans, inscrite au Répertoire National des Certifications Professionnelles. Cette formation a évolué au fil du temps d’animateur, puis agent de développement pour être actuellement « Coordonnateur de projet de solidarité internationale et locale ». Destinée à des jeunes ayant des profils plutôt techniques (BTS, Instituts) issus de domaines variés (santé, agricole, rural, génie civil,…), la formation professionnelle leur permet d’acquérir des compétences en gestion de projets à travers des cours dispensés par des professionnels et des mises en situation collectives et individuelles.

o   FONTAN Victoria, PhD, EdD, manager, Institut Bioforce, France, Visiting Professor, ITESO Guadalajara, Mexique, Visiting Professor and Senior Research Fellow, University of Duhok, Irak
Professionnalisation de l'aide humanitaire, hybridité et pouvoir entre le Nord et le Sud géopolitiques: le cas de la co-conception de normes de qualité dans la formation et l'évaluation des compétences des métiers de l'humanitaire

PRESENTATION DE L’AUTEURE
Victoria Fontan, PhD, Etudes de la Paix et du Développement, University of Limerick, Irlande; EdD, Education avec spécialisation en Médiation Pédagogique, Universidad de la Salle, Costa Rica. Pr Fontan est Manager du Collaboration Centre for Quality Learning in Humanitarian Action, Institut Bioforce, France; Visiting Professor, ITESO Guadalajara, Mexique; Visiting Professor and Senior Research Fellow, University of Duhok, Irak; Professeure Associée, Institut Supérieur des Techniques de Développement, Kalehe, République Démocratique du Congo.

 Publications sélectionnées :
·         Livres :
-          Decolonizing Peace, 2012, Dignity Press: Portland

-          Voices from Post-Saddam Irak, 2008, Praeger Security: Washington DC

·         Articles et chapitres de livres :
- 'Reclaiming power with from below: nascent subaltern peacebuilding in Canada, Colombia and Iraq.', Perspectivas Internacionales, Pontificia Universidad Javeriana Cali, Vol 10, No. 1, January-June 2015. 
- 'Out beyond Occupy Fallujah and the Islamic State in Iraq and Sham, there is a field.' Researching Terrorism, Peace and Conflict Studies: Interaction, Synthesis and Opposition. H. Toros and Y. Tellidis (eds.). London: Routledge, 2015. 
- 'Democracy's Collateral Damage' in Lee Bowen, et al., Every day life in the Muslim Middle East.
Bloomington: Indiana University Press, 2014. 
- Cruz, Juan Daniel. and V. Fontan, 'Una mirada subalterna y desde debajo de la Cultura de Paz, Caso: Grupo Mesa Juvenil 14 de Colombia..' Revista Ra Ximhai, Universidad Autonoma de Mexico, Vol. 10, No. 4,  January-June 2014. 
- 'Should God Remain? A Response from the Perspective of Peace and Conflict Studies' in Susanne Scholtz (ed), God Loves Diversity and Justice. Lexington Books, 2013.
- 'Explorando la possible decolonizacion de la paz', Perspectivas Internacionales. Pontificia Universidad Javeriana de Cali, Volumen 8, Numero 1, Enero-Junio 2012.

o   MIKULU Jean-Baptiste, Prof., PhD, Conseiller interagence en Genre dans l’Action Humanitaire. Roster GenCap, Déployé au Cameroun.
Le Genre dans l’Action Humanitaire, GiHA : Un curriculum de formation du GenCap pour les Acteurs Humanitaires

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

L'émergence d'une vision locale du secteur humanitaire est devenu un thème incontournable. Pour certains, il représente un slogan qui maintient une dynamique de puissance inéquitable entre le Nord et le Sud géopolitiques. Pour d'autres, cela est un enjeu structurel majeur. Bien qu'il soit vrai que le slogan «aussi local que possible, aussi international que nécessaire» n'a pas contesté structurellement qui décide de ce qui est possible et de ce qui est nécessaire, de nombreuses initiatives cherchent à encourager un changement de paradigme qui créera un équilibre mutuel entre expertise locale et expérience internationale (Van Brabant, 2016).

Ce papier va traiter de la co-conception des normes de qualité dans la formation et l'évaluation des compétences des métiers de l'humanitaire, faisant partie de l'initiative du passeport humanitaire, initiée des 2012 par 24 acteurs clés du secteur, et visant la professionnalisation des travailleurs humanitaires dans un contexte de localisation post-World Humanitarian Summit. Ce papier traitera du paradoxe de l'hybridité, entre co-optation et pouvoir subalterne.
PRESENTATION DU PROJET GenCap

Le sous-groupe de travail sur le genre (gender reference group) du Comité Permanent inter organisations (IASC en anglais) a mis en place un groupe d’experts en genre pour soutenir les acteurs humanitaires dans le cadre de leur renforcement des capacités : le GenCap (Gender Capacity Standby Project). Les conseillers en genre GenCap sont membres du roster GenCap. Ils sont déployés à bref délai pour appuyer le Coordinateur humanitaire des Nations Unies / Coordinateur résident (HC / RC), les équipes humanitaires de pays (HCT) et les réseaux de genre dans les situations d'urgence humanitaire. Les conseillers GenCap fournissent un soutien temporaire aux mécanismes de coordination humanitaire, aux clusters et aux réseaux de genre existants pour renforcer une expertise technique de genre durable dans les équipes humanitaires nationales.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Le domaine de l’humanitaire est une des expressions de solidarité internationale qui s’applique de plus en plus dans le secteur de l’aide internationale et implique des acteurs de différentes provenances, avec des compétences aussi variées que les différents domaines d’intervention prioritaires pour sauver des vies. Pendant les crises, les différences liées au genre accroissent les inégalités et altèrent la capacité individuelle de résilience, et les différentes catégories de genre sont affectées différemment, les plus marginalisées demeurant les plus touchées par une crise aggravée par les effets sociaux.

Les acteurs humanitaires doivent tenir compte de ces différences pour que les services offerts répondent aux besoins de tous en évitant d'augmenter les risques auxquels font face certains groupes. Les différentes instances de gestion de l’humanitaire ont adopté des politiques en matière de la prise en compte des dimensions de genre applicables dans les interventions humanitaires, et induisent une planification humanitaire sensible au genre. Cependant, peu d’acteurs humanitaires maitrisent la problématique du genre, ni les stratégies de sa prise en compte dans les interventions qu’ils mettent en place pour sauver des vies. D’où la nécessité d’un curriculum de formation qui renforce les capacités en termes des connaissances, mais aussi en termes des compétences pratiques.

Le GenCap a développé un curriculum de formation pour faciliter une programmation de l’action humanitaire sensible au genre. Les acteurs humanitaires sont formés et sont accompagnés dans leurs tâches quotidiennes en vue d’assurer qu’hommes, femmes, filles et garçons aient des chances égales de participer, donner de la voix et bénéficier des interventions humanitaires en dépit de leurs différences.

o   YOSSA Thaddée, consultant en genre, Yaoundé
Demande de compétences et offres de formation sur l’égalité de genre au Cameroun : état des lieux et perspectives

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Thaddée YOSSA est socio économiste, consultant en genre et autonomisation économique de la femme. Il jouit de 30 années d’expérience professionnelle dans la planification, la mise en œuvre et l’évaluation de politiques, plans, stratégies, programmes, projets et institutions de développement. Il est titulaire d’un Master en politiques économiques et sociales de l’Université de Grenoble II, Diplômé de l’Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales (ESSEC) de Douala et Diplômé d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques (CEDS) de Paris. Il est actuellement Chef du département « Etudes des Politiques Publiques » au sein du Cabinet d’études MULTIPOLAIRE.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

La prise en compte du genre dans les initiatives de développement est devenue une exigence incontournable. Elle intervient à toutes les étapes du cycle de l’action, ex ante, on going et ex-post. Elle fait appel à des compétences diverses. Au Cameroun ces dernières années, la fréquence des avis d’appels à candidature de consultants en genre montre une certaine effervescence, témoin de l’importance que prend cet acteur dans les processus de développement. Face à cette demande, de nombreux espaces de renforcement de capacités en genre sont en œuvre, dans les universités camerounaises et les instituts de formation, mais également dans des cadres moins formels. Toutefois, les conditions critiques pour la mise en place d’une formation de qualité au service du développement en général et du mainstreaming du genre en particulier demeurent nombreuses. Plus que dans les formations classiques, la considération de la qualité dans les formations sur le genre revêt un enjeu majeur.

o   BRODEUR Nicolas, consultant, PAST Sciences Po Bordeaux, Expert Associé Lam
Un pied dans l’expertise, l’autre dans la formation : comment repenser à nouveaux frais la vision instrumentale du projet ?

                       Animation : Elisabeth Hofmann, Guaaybess Tourya 

14h30 – 16h30    Ateliers, 3e série

7.      La difficile adéquation entre valeurs & outils de l’aide international
o   LOUIS Wilsot, étudiant M2 en sociologie clinique, Université Paris-Diderot-Paris7
L’idéologie managériale et les relations de travail dans le contexte humanitaire en Haïti : le cas des travailleurs sociaux

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION
Cette communication est tirée de mon mémoire de M2R en sociologie à l’Université Paris7. Elle s’inscrit dans une démarche de compréhension des difficultés rencontrées par des travailleurs sociaux qui sont intervenus pendant la période du tremblement de terre de 2010 en Haïti à l’ONG Entrepreneurs du Monde (EdM). Ces difficultés dans les relations de travail sont liées aux principes managériaux qui les empêchent, selon leurs déclarations,  de réaliser un véritable accompagnement des familles en situation de souffrance. Ces dispositifs, en général, sont contraires à la philosophie d’intervention des travailleurs sociaux qui est axée sur des valeurs propres de l’action sociale. Ainsi donc, je me suis intéressé à présenter ici deux aspects de ma recherche  qui sont la question de la gestion du temps  et  la fabrication des compétences mesurables.

o   HÜE Antoine, secrétaire général de la fondation Marianiste
Les valeurs à l’épreuve de l’action en faveur du développement : le modèle des congrégations religieuses catholiques.

PRESENTATION DE L’AUTEUR
Ancien élève de Sciences Po, doctorant à l’université de Paris-Dauphine (EDBA), Antoine Hüe a conduit des projets de restructuration dans le secteur des services en France et à l’étranger, il dirige par ailleurs la Fondation Marianiste. Il accompagne des projets de développement en Inde, en Haïti et dans plusieurs pays d’Afrique depuis une vingtaine d’années. Il est l’auteur d’un ouvrage (parution fin septembre) : Missionnaire en Afrique, ou l’aide humanitaire à l’épreuve du temps.

o   KERNEN Antoine, maître d’enseignement et de recherche, et HIRSCHY Justine, doctorante, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
L’aide internationale en Suisse : une laïcisation très partiell

PRESENTATION DES AUTEURS

Antoine Kernen est docteur en Science politique de l’Institut d’Etude Politique de Paris. Il a travaillé à l’institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement de Genève et actuellement Maître d’enseignent et de recherche à la faculté des Sciences Sociales et Politique de l’Université de Lausanne.
Adoptant une perspective de sociologie politique, il analyse dans ses travaux sur la transition chinoise, différents aspects liés au processus de privatisation (émergence du secteur privé, transformation du système social, manifestations ouvrières, émergence d’un secteur associatif). Il a publié notamment : La Chine vers l’économie de marché: les privatisation à Shenyang (Paris Karthala 2004) ou (avec F.-X. Merrien, R. Parchet) L’Etat social : une perspective internationale, (Paris, Armand Colin, 2005).

En parallèle depuis quelques années, il conduit et dirige des recherches sur la présence chinoise en Afrique. Après des premiers travaux sur les petits commerçants chinois en Afrique, il porte actuellement son intérêt sur l’impact des produits chinois en Afrique et plus largement le rôle de la Chine dans un possible retour d’un Etat développementaliste en Afrique. Il a publié récemment un numéro spécial de la revue Politique Africaine intitulé : « China Ltd : Un business Africain » (no 134/2014).
Justine Hirschy est actuellement assistante d’enseignement et de recherche à l’Institut des Sciences sociales de l’Université de Lausanne en Suisse. Sa thèse de doctorat (en cours) porte sur les relations entre le gouvernement du Burundi et les organisations internationales dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. Auparavant chargée de projet, puis analyste politique auprès de différentes organisations internationales en Suisse et en Afrique, elle jouit d’une expérience professionnelle diversifiée dans le domaine de la coopération internationale.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Le secteur de l’aide internationale connait depuis 20 ans une profonde transformation marquée par une internationalisation croissante des carrières, des savoir-faire et des financements. Cependant, la Suisse semble faire figure d’exception. Aujourd’hui dans ce pays, le secteur de l’aide internationale est toujours marqué par une prégnance du religieux. Les noms des plus grandes ONG nationales et principales partenaires de la coopération suisse sont à ce propos évocateurs : « Action de Carême », « Pain pour le prochaine » « Entraide protestante » ou encore « DM – échange et mission ». À travers une analyse multi-niveau, cette communication souligne les liens qui perdurent entre les églises et les œuvres d’entraide suisse. Premièrement, une approche macrosociologique permet de montrer que les liens historiques entre les églises et l’aide continuent de structurer ce secteur. Deuxièmement, une analyse microsociologique, éclaire quant à elle la prégnance d’une socialisation religieuse tant catholique que protestante à partir d’un retour détaillé sur l’histoire de vie des coopérants suisses.
o   NOUHOU Bouba Alhadji, enseignant, Université Bordeaux Montaigne
Le système islamique de financement de l’aide internationale

PRESENTATION DE L’AUTEUR
Il y enseigne le contexte international, le Droit international humanitaire, et l’Europe et la Méditerranée en « Licence Professionnelle : Chargé-é de projets en solidarité internationale et développement durable ». Il enseigne également la géopolitique des Macro-régions et la dynamique internationale en « Master : Langue, Affaire Interculturalité ». Il est également enseignant d’islam et Culture de l’Islam en « Master : Religions et Sociétés.

Chercheur associé à l’Institut de Recherche Montaigne-CMRP, Bordeaux, il a publié plusieurs ouvrages : Etude Géopolitique de la souveraineté d’un Etat dans un environnement régional hostile : le cas d’Israël 1948-1993, Presses Universitaires de Lille, 2001 ;  Israël et l’Afrique, Paris, Karthala, 2003 ; Islam et Politique au Nigeria, Paris, Karthala, 2005, France-Monde arabe (dir.), Presses Universitaires de Bordeaux 2008.
Il est également auteur de plusieurs articles, dans des revues spécialisées sur la géopolitique et les conflits.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Le secteur de l’aide internationale connait depuis 20 ans une profonde transformation marquée par une internationalisation croissante des carrières, des savoir-faire et des financements. Cependant, la Suisse semble faire figure d’exception. Aujourd’hui dans ce pays, le secteur de l’aide internationale est toujours marqué par une prégnance du religieux. Les noms des plus grandes ONG nationales et principales partenaires de la coopération suisse sont à ce propos évocateurs : « Action de Carême », « Pain pour le prochaine » « Entraide protestante » ou encore « DM – échange et mission ». À travers une analyse multi-niveau, cette communication souligne les liens qui perdurent entre les églises et les œuvres d’entraide suisse. Premièrement, une approche macrosociologique permet de montrer que les liens historiques entre les églises et l’aide continuent de structurer ce secteur. Deuxièmement, une analyse microsociologique, éclaire quant à elle la prégnance d’une socialisation religieuse tant catholique que protestante à partir d’un retour détaillé sur l’histoire de vie des coopérants suisses.

                      Animation : Sylvie Wamba, Anne Le Naëlou

8.      Pratique et outils de la gestion des risques et des incertitudes dans l’aide internationale

o   RYFMAN Philippe, professeur et chercheur associé honoraire au Département de Science Politique, Université Paris I
La robotisation, ultime étape de la professionnalisation ? Une réflexion prospective

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Philippe Ryfman est professeur et chercheur associé honoraire au Département de Science Politique et au Centre Européen de Sociologie et Science Politique de la Sorbonne (CESSP-Sorbonne), Université Paris I, Panthéon-Sorbonne. Il a dirigé le DESS puis Master « Coopération Internationale, Action Humanitaire et Politiques de Développement » (CIAHPD) au sein de cette université. Aujourd'hui, il poursuit des activités de chercheur sur les questions non gouvernementales et humanitaires, notamment comme chercheur associé à l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire (OCCAH), UQAM, Montréal. Il est aussi juriste (avocat au Barreau de Paris), spécialiste en droit des Associations et Fondations.

o   REBOTIER Julien, chercheur, CNRS – Laboratoire LISST et METZGER Pascale, chercheuse, IRD – UMR Prodig
Recherche et Coopération - Retours d’expérience autour de la gestion des risques en Equateur

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Julien Rebotier est chargé de recherche en géographie au CNRS depuis 2010. Il travaille sur les risques, les politiques de prévention des désastres et leur approche territoriale, notamment en Amérique latine. Affilié au laboratoire LISST UMR 5193 de l’Université Toulouse Jean Jaurès, ses réseaux et terrains de recherche l’ont amené à séjourner une année dans le cadre d’un dispositif de recherche coopération à Quito, Equateur, sous l’égide de l’IRD en 2014-2015. A cette occasion, son travail sur les politiques de prévention et le système national de gestion des risques s’est inscrit dans la continuité d’une initiative de recherche coopération antérieure, à laquelle était associée Pascale Metzger.

Pascale Metzger est sociologue, chargée de recherche à l’IRD. Elle travaille sur les approches sociales des risques et de l’environnement. En poste à Quito à la fin des années 1990, elle anime un programme de recherche sur l’environnement urbain avant de travailler au programme sur les vulnérabilités urbaines qui va structurer ce domaine de recherche et d’action en partenariat avec le DMQ (municipalité de Quito) au début des années 2000. Une affectation ultérieure l’amène à Lima à la fin des années 2000 pour travailler au projet SIRAD, avec l’INDECI, organisme national de défense civile.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Au regard de l’expérience passée de recherche en coopération, et du regard porté sur la coopération, on peut se demander ce que recherche et coopération ont en commun, la façon dont ces activités peuvent se façonner réciproquement. De fait, le secteur de la coopération connaît des transformations importantes, notamment en Equateur et dans le domaine de la gestion des risques. En parallèle, le monde de la recherche publique subit également des restructurations significatives en termes de conditions sociales de production des connaissances (Bourdieu, 1975). Que tirer de cette expérience, à la fois sur les métiers de la recherche et de la coopération, et sur leurs évolutions, respectives et réciproques ? Que nous disent ces expériences sur la recherche sur les risques en ce qui concerne les acteurs et les pratiques de la coopération ?

La coopération portant sur la gestion des risques en Equateur subit les influences croisées de l’évolution dans l’approche des risques, de l’évolution politique nationale, et de l’évolution dans les modalités de faire de la recherche.

En premier lieu, on peut noter que la recherche scientifique est en soi un acteur du changement, peut être plus par les pratiques qu’elle introduit que par ses résultats. Ce faisant, l’IRD en produisant de la recherche dans et avec des organismes opérationnels, a engendré des mutations qui se traduisent par de nouvelles pratiques, de nouveaux outils mais aussi par de nouveaux concepts. La recherche en coopération telle qu’elle s’est faite au sein de la municipalité de Quito a fait la démonstration que ce que produit la recherche est de l’ordre du changement qui va bien au-delà de la production et de la mise en œuvre de nouveaux concepts. Ceci dit, les pratiques de recherche à l’IRD, s’inscrivent aujourd’hui en priorité dans le champ scientifique, les pratiques sont donc orientées vers la recherche de la reconnaissance scientifique  (Bourdieu, 2001). De ce fait, les enjeux de la recherche en coopération sont différents selon les acteurs impliqués.  En effet, les enjeux de la recherche sont portés par les chercheurs, pris dans des contraintes institutionnelles fortes, la recherche de financement, la compétition entre projets et l’exigence de production rapide. Dans ce cadre, il est probable que l’impact de la recherche en coopération sur les pratiques ne soit pas une priorité.  Les institutions du « Nord » représentent implicitement une demande « d’opérationnel » du sud qui ne correspond pas nécessairement aux attentes. En effet, ces dernières ne sont pas que de l’ordre de ce qui est directement utilisable dans les politiques publiques. L’expérience montre que la demande de concept et de sens à donner aux termes utilisés et aux pratiques professionnelles est également présente, et prendre acte de cette demande, peu explicite, serait  faire preuve d’un véritable partenariat, tout en conservant une spécificité à la recherche scientifique.

Cependant, l’évolution de la recherche depuis une quinzaine d’année vers des projets courts et finalisés est susceptible de limiter et les apports de la recherche et l’impact de la coopération. Autrement dit, les nouvelles pratiques de recherche qui se veulent plus efficaces, c'est-à-dire plus rapide et plus directement opérationnelles, sont en même temps moins ambitieuses et moins porteuses de changements (tout en faisant l’hypothèse implicite que les pratiques « d’avant » n’étaient pas efficaces). Ainsi, aux effets de cadrage scientifique de la recherche en coopération s’ajoutent, comme des quasi figures imposées, l’incorporation des agendas internationaux (comme les objectifs du développement durable, en remplacement des objectifs du Millenium) ou encore l’affichage du multi partenariat qui pousse à associer échelles et organismes de différente nature dans des conglomérats dont on voit mal comment ils pourraient significativement et durablement changer la donne.

o   FALL Marie, professeure en géographie, Département des sciences humaines et sociales, Université du Québec à Chicoutimi.
Bilan et enjeux actuels de la coopération internationale pour la résilience climatique des populations des îles du Saloum

PRESENTATION DE L’AUTEURE
Marie FALL, Ph. D.,Professeure en géographie et coopération internationale, Responsable du Laboratoire d'études et de recherches appliquées sur l'Afrique, Département des sciences humaines et sociales Université du Québec à Chicoutimi, 555, boulevard de l'Université Chicoutimi (Québec), Canada, G7H 2B1 Tel. 418-545-5011 poste 5695 Ligne sans frais : 1-800-463-9880 Téléc. 418-615-1207
Courriel : marie.fall@uqac.ca  Web : http://www.uqac.ca/leraa/

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Nouvelle Entre mars 2013 et septembre 2014, le projet « Entreprenariat féminin et adaptation » financé par le gouvernement canadien dans le cadre du Fonds canadien pour la résilience climatique en Afrique a été exécuté. Il visait alors à lutter contre la pauvreté des populations des îles du Saloum en améliorant les capacités d’adaptation des groupes de femmes des villages de Dionewar, Niodior et de Falia aux changements climatiques qui affectent la dynamique des écosystèmes de mangrove et réduisent la production de coquillages et de poissons. Les populations insulaires devaient ainsi s’approprier de nouvelles façons de faire pour améliorer leur économie, assurer la sécurité alimentaire et maintenir le rôle et la position des femmes dans les collectivités locales.

Les différentes initiatives proposées visaient l’atténuation de l’appauvrissement économique des couches vulnérables en réhabilitant et en sécurisant les économies de près de 720 femmes sur un territoire de 316 km2 avec une population de près de 13528 habitants, dont 7210 hommes et 6318 femmes. Une dimension particulière devait être donnée à la problématique cruciale de la gestion des ressources naturelles et de la promotion de la culture locale. Elle consolidait la dynamique de développement durable à travers la gestion participative des ressources naturelles notamment le reboisement de la mangrove et la promotion de l’écotourisme. Les activités proposées dans le cadre de ce projet devaient renforcer les capacités de gestion des femmes pour une meilleure compréhension des impacts des changements climatiques sur le développement local.  L’entreprenariat féminin devait être valorisé avec la création d’une unité de transformation pour chacun des trois villages ciblés  et la mise en marché des produits transformés sous le label « Îles du Saloum ».  Un espace de dialogue et de partage devait être créé par la mise en œuvre de comités villageois de gouvernance des unités de transformation.

Cette communication propose de dresser l’état actuel des lieux et faire le bilan de l’aide internationale face aux défis des changements climatiques dans les îles du Saloum. Nous mettrons en évidence le degré d’articulation/désarticulation entre les énoncés explicites du projet et les résultats atteints en termes de participation des  populations locales, d’atténuation des vulnérabilités environnementales et d’autonomisation socio-économique des bénéficiair

o   NÚÑEZ REGUEIRO Santiago, chargé de programmes/référent qualité, CARE
Professionnalisation des acteurs de l’aide : analyse réflexive de la mise en place d’une démarche « qualité » au sein d’une ONG internationale

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Santiago NÚÑEZ REGUEIRO est Référent Qualité au sein du département Programmes de CARE France, à Paris. ONG d’aide humanitaire et de développement, CARE France est  l'un des membres de la confédération CARE International, qui met en œuvre dans 94 pays des programmes d'éducation, de sécurité alimentaire et d’adaptation, d'autonomisation des femmes, et d’appui à la société civile. Chargé des Programmes Amérique Latine au siège de CARE France, Santiago Núñez Regueiro accompagne les équipes de terrain dans la conception et la mise en œuvre des projets. En tant que Référent Qualité, il développe les activités transversales de monitoring/évaluation et d’apprentissage, ainsi que les outils/méthodologies de mesure de l'impact des actions. Praticien en solidarité internationale depuis 2004, il a occupé diverses fonctions en siège, comme sur le terrain en Afrique, Asie et Amérique Latine (ONG locales et internationales, ministères…). Ses sujets de recherche et d’enseignement (vacataire à l’IEDES-Paris 1 Panthéon Sorbonne) portent sur l’évaluation et la capitalisation des projets socioéconomiques (Pratiques, Inter Aide, 2012) et la gestion des savoirs dans la solidarité internationale.  

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

Nouvelle étape du processus de professionnalisation des acteurs de l’Aide internationale, les démarches Qualité ont donné lieu ces dix dernières années à l’apparition de nouveaux métiers au sein de beaucoup d’ONG : Référent(e) Qualité et Impact, Chargé(e) de la Gestion de connaissances, Responsable Evaluation et Capitalisation… Définies de manière très diverses par les organisations (englobant généralement des thématiques aussi vaste que le monitoring, l’évaluation, la mesure de l’impact, la redevabilité, la capitalisation, la gestion des connaissances et l’apprentissage, et la recherche), ces approches ou politiques Qualité, ainsi que les pratiques qui y sont associées, s’imposent progressivement aux ONG, et illustrent l’évolution des différents acteurs du secteur (ONG -françaises et anglo-saxonnes, locales et internationales-, mais aussi bailleurs institutionnels et privés de l’Aide et société civile) et les tensions qu’engendrent ces transformations.

Ce travail se propose ainsi d’analyser concomitamment les dynamiques individuelles et les dynamiques institutionnelles aux origines de l’émergence de ces approches dans les ONG, les tensions liées à leurs mises en œuvre, et les débats qu’elles suscitent dans le secteur. Il associe une démarche réflexive du Référent Qualité sur la mise en place du Plan Qualité 2015-2018 au sein de l’ONG internationale CARE -complétée par d’autres matériaux empiriques, principalement des entretiens approfondis et des travaux d’échanges avec des ONG engagées dans des processus similaires- et des corpus théoriques plus académiques sur la professionnalisation dans et des ONG. L’analyse s’intéressera d’abord aux trajectoires individuelles des personnels occupant ces fonctions liées à la qualité, souvent à l’origine des créations de postes ou de départements spécifiques dans les structures, et à certaines de leurs motivations dans ces processus : volonté de recentrage sur la pertinence et non plus uniquement l’efficacité des actions, déconstruction du récit déterministe des interventions, enjeux sur la gestion des savoirs et la recherche (au-delà de la technique), etc. Il dressera en parallèle les intérêts aux niveaux organisationnels et institutionnels, très différents et aux finalités parfois opposées à celles des individus, qui poussent les ONG à développer ces démarches Qualité (légitimation de l’expertise, réponse stratégique aux exigences externes sur l’efficience, etc.).

Dans un deuxième temps, la communication explicitera deux outils Qualité concrets mis en œuvre chez CARE (workflow programme : outil d’optimisation des processus programmatiques ; approches orientées changement : nouvelles méthodes d’évaluation du changement social), et montrera que ces outils renvoient à des logiques issues de l’ingénierie managériale (vision déterministe, évolution vers la sphère marchande et pensée instrumentale), issues des sciences sociales (importance accordée à la complexité, aux rôles des acteurs et de la société civile, pensée critique) ou d’un difficile dialogue entre les deux dans les pratiques. Enfin, l’analyse mettra en lumière les limites et risques des approches Qualité, tentera d’en dégager des enseignements (gestion des savoirs, recherche-action) et de prolonger la réflexion sur les tensions au cœur des ONG, et des individus au sein de ces organisations (cohérence entre la mission, la vision et les réalisations de l’ONG ; gouvernance et management internes ; engagements éthico-politique individuels et collectifs), proposant une recherche de professionnalité des acteurs, au sens différent de celui du discours dominant – et des normes et valeurs qui le sous-tendent- de professionnalisation.

                      Animation : Véronique André-Lamat, Henri Wamba

14h30 – 16h30    Ateliers, 3e série (suite)

9.    Focus sur des acteurs « Sud » de l’aide internationale

o   GRENON Marie-Michèle, doctorante en anthropologie, Université Laval, Québec, Canada
Les coopérants cubains comme acteurs de changement ? Analyse d’un exemple d’aide internationale « Sud-Nord »

PRESENTATION DE L’INTERVENANTE

Marie Michèle Grenon a complété une formation en anthropologie et en sciences politiques avant d’entamer une maîtrise en études internationales à l’Université de Montréal. Depuis son accession aux cycles supérieurs, elle s’intéresse aux initiatives de développement issues des pays du Sud et plus particulièrement aux projets de coopération internationale réalisés par l’État cubain. Elle accompli présentement son doctorat au département d’anthropologie de l’Université Laval dans le cadre duquel elle étudie les projets d’alphabétisation cubains dans une perspective de développement ‘Sud-Nord’.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

L’avènement de « l’ère de développement international » au tournant des années 1950 a donné lieu à la création d’une pléthore de projets visant à guider les pays qualifiés de « sous-développés » vers la prospérité économique. Or, l’établissement du paradigme de développement Nord-Sud aurait plutôt contribué à l’accroissement de la pauvreté dans les pays du Sud, en plus de perpétuer des relations inégales de pouvoir avec les pays du Nord (Escobar 1995, Ferguson 1990). Suivant cette perspective, la réforme de ce champ de pratique nécessiterait une modification des structures profondes du développement ou la valorisation d’approches alternatives. Depuis mon accession aux cycles supérieurs, je me suis intéressée à la coopération réalisée par les pays du Sud, un paradigme qui a pris de l’importance avec l’émergence d’États comme le Brésil, l’Inde et le Venezuela au tournant des années 2000. Ces pourvoyeurs d’aide articulent leur coopération à un discours de solidarité, de complémentarité et d’horizontalité, en plus de soutenir le principe de la non-ingérence dans les affaires de l’État. Malgré le fait que Cuba offre une collaboration axée sur ces principes depuis plus de cinquante ans, l’île caribéenne ne semble pas totalement incorporée au champ de la coopération Sud-Sud sans compter que ses projets ont été peu étudiés. Selon les pays récipiendaires, l’État cubain proposerait une collaboration intégrale, respectueuse des valeurs culturelles et stimulatrice de changements sociaux, des affirmations qui demeurent toutefois peu approfondies. Depuis 1998, l’État cubain priorise une coopération dans les domaines de l’humanitaire d’urgence, les soins médicaux, ainsi que l’alphabétisation avec la création du programme Yo, sí puedo. Cette méthode d’apprentissage s’appuie sur l’expérience acquise avec la campagne nationale d’alphabétisation de 1961 et lors des « batailles » pour la 6e année (1975-1980) et la 9e année (1980-1985). Depuis 2001, le programme a été établi dans plus de vingt pays en développement, mais également au sein de pays dits développés tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne et le Canada ce qui en fait un exemple exceptionnel de coopération ‘Sud-Nord’ qui n’a jamais été étudié.

Cette présentation est basée sur les résultats d’une étude de terrain en deux volets réalisée à La Havane (Cuba) et au Canada. Elle vise à approfondir le paradigme cubain d’aide internationale en étudiant plus spécifiquement le cas du projet d’alphabétisation cubain Yo, sí puedo et de sa contextualisation canadienne intitulée ArrowMight qui constitue un exemple inusité de coopération ‘Sud-Nord’. Il s’agira d’analyser les processus de collaboration, de transmission et de réciprocité s’exprimant dans la coopération offerte par Cuba, et ce, dans l’optique de stimuler les réflexions sur l’amélioration des pratiques dans le domaine de l’aide internationale.

o   JOXE Ludovic, doctorant sous la direction de Fred Eboko (IRD-CEPED), UMR CePED (Centre Population et Développement) – Université Paris Descartes
Le personnel international de Médecins Sans Frontières : vers un effacement de la distinction entre Nord et Sud

PRESENTATION DE L’AUTEUR

Dirigé par Fred Eboko, directeur de recherche à l’IRD, au sein du laboratoire CEPED (Centre Population et Développement), j’entame ma cinquième année de thèse en sociologie à l’université Paris Descartes. Je travaille sur la question de la « frustration » en mission humanitaire. Je m’intéresse en particulier au personnel international travaillant pour l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF). Certains d’entre eux évoquent un malaise, une frustration ou une incompréhension liée à la stratégie de l’organisation. Ils peuvent alors rompre leur contrat et anticiper leur retour de mission. Si cette catégorie de travailleurs ne représente pas l’ensemble des expatriés chez MSF, elle constitue l’expérience à l’origine de ma thèse. Ma recherche tente de faire converger différents courants de la sociologie : les parcours de vie, la sociologie des organisations, la sociologie des émotions, la sociologie du travail et de la gestion. J’intègre dans ma recherche le personnel international africain, asiatique, et sud-américain, représentant aujourd’hui 24% des expatriés MSF. Ils joueront ainsi les premiers rôles de cette communication. Je suis par ailleurs moi-même travailleur international pour MSF, en tant que logisticien, administrateur et coordinateur de projet.

o   RICHARDIER Verena, doctorante, UMR 5206, Ecole Normale Supérieure de Lyon
Entre « gatekeepers » et associations islamiques : la pluralisation des formes d’engagement humanitaire au Mali.

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Verena Richardier est doctorante en sociologie à l’École Normale Supérieure (ENS) de Lyon, Triangle UMR 5206. Elle a commencé en 2014 une thèse de sociologie intitulée « Décentrement de la raison humanitaire et nouvelles souverainetés mouvantes », dirigée par Laurence Roulleau-Berger, directrice de recherche au CNRS, Triangle, ENS Lyon et directrice française du LIA (Laboratoire International Associé) CNRS/Académie des Sciences Sociales de Chine « Sociologies post-occidentales en France et en Chine ». Verena étudie le décentrement d’une action de plus en plus partagée entre des ONG internationales d’origine occidentale et les ONG de leurs pays d’intervention. Elle bénéficie d’une bourse doctorale CIFRE (Conventions industrielles de formation par la recherche) à Handicap International où elle a occupé également un poste de chargée d’étude Partenariat de juin 2014 à juin 2017.

o   GUAAYBESS Tourya, maître de conférences, Université de Lorraine
Acteurs de l’aide internationale et géopolitique des médias : le secteur de l’aide aux médias dans les pays arabes

PRESENTATION DE L’AUTEURE

Politologue de formation, Tourya Guaaybess est maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication à l’Université de Lorraine au CREM. Ses recherches portent sur la communication internationale (médias et « suds »), l'espace journalistique euro-méditerranéen et les médias arabes. Parmi ses travaux, on pourra citer Télévisions arabes sur orbite  (CNRS, éditions) en 2005, Les médias arabes, Confluence médiatique et dynamiques sociales (CNRS éditions) en 2012. Elle a par ailleurs dirigé Cadrages journalistiques des "révolutions arabes" dans le monde, (L'Harmattan) en 2015 ; National Broadcasting and State policy in Arab Countries (Palgrave Macmillan) en 2013 et Les Arabes parlent aux Arabes; les nouveaux médias dans le monde arabe avec Yves Gonzalez-Quijano (Actes Sud) en 2009.

PRESENTATION DE LA COMMUNICATION

L’aide internationale a vocation à favoriser le  « développement » dans ses dimensions  les plus variées (économique, sociale, politique parfois), et  s’applique à une pluralité  de secteurs  d’activité. L’un  de ces domaines est transversal : il s’agit  de celui des  médias dans les pays du Sud dont les enjeux sont économiques, politiques, culturels. 
De la modernisation par les médias à la libéralisation des médias
Dès les années 50, les médias ont  fait l’objet de toutes les attentions des  chercheurs  et des  acteurs du développement.  Selon eux,  les médias pouvaient favoriser la  modernisation des individus  et des sociétés  grâce  à leur pouvoir de diffusion de  normes  et de savoirs. Ces  approches,  jugées  théoriques et  détachées des contextes  sociaux  d’application,  ont, depuis, été remises en cause.
Aujourd’hui,  les médias  dans les pays du sud, qu’il s’agisse de la radio, de la télévision ou des  médias numériques, restent  un sujet qui intéresse les chercheurs. Et, les recettes  du développement par les médias  n’ont pas été abandonnées  par  l’Unesco - qui est  l’organisation  multilatérale  phare dans ce domaine - et d’autres agences de  développement. En effet,  les attentes que l’on nourrissait à l’endroit des médias dits  traditionnels se déportent sur les écrans mobiles et internet.  Finalement, l’approche  fonctionnaliste des médias  perdure  mais les stratégies d’action des acteurs du  développement, dont les actions  étaient jugés normatives, paternalistes, évoluent. 

Depuis quelques années,  le lien  entre  solidarité internationale et médias  dans les Suds  est moins évident compte tenu de la libéralisation des économies des années 90 et des avancées technologiques.  Pour  le dire autrement, à l’heure de télévisions  numériques, des bouquets satellitaires,  des médias  d’information  en ligne et de  l’expansion formidable des smartphones, les  médias  du Sud sont  considérés comme  des espaces où la solidarité internationale a toute sa place  mais aussi comme des  secteurs économiques porteurs.

Du « Development communication » (développement par les médias) à la géopolitique des médias
Comment les Etats qui participent de l’aide dans le  domaine des médias se positionnent- ils par rapport à  ces changements ? Comment  conjuguent-ils leur politique  ou  diplomatie d’influence par les  médias et leurs actions  dans le secteur des médias des  pays du Sud ? Nous  avons choisi de focaliser notre attention sur  les pays arabes et  les différents  acteurs de l’aide dans le secteur des médias  en direction de ces pays , au premier rang  desquels les acteurs publiques ont une place de choix (à  travers l’aide publique au  développement ).

Pour  dresser les contours de l’aide internationale par les médias,  nous  nous basons sur un travail empirique  mené  en  France, en Grande Bretagne et  dans des pays arabes.  Compte tenu de la nature des régimes arabes et  de  l’histoire qui les lie à leurs partenaires occidentaux, les relations intérêt diplomatiques restent  centrales. L’aide bilatérale  prédomine  dès lors qu’il est question  du secteur  stratégique  des médias.  Mais, le rôle des Etats  s’inscrit en outre dans une géopolitique des médias. En effet,  les  médias  transnationaux , tels que les  radios ou les  chaînes d’information en continu  par exemple,  sont  des  outils de la diplomatie d’influence dans l’espace euro - méditerranéen.

Nous verrons que ces différents rôles  et prérogatives  des Etats  se  combinent très bien. Nous  verrons aussi que sur la scène médiatique  méditerranéenne,  concurrentielle,  de nouveaux acteurs nationaux  se sont imposés,  qui sont également de nouveaux partenaires des pays arabes dans le secteur des  médias. L’aide aux Etats  arabes  sort d’un modèle  ouvertement  bilatéral, jugé paternaliste et  suranné,  pour répondre aux exigences d ’ une aide plus participative , plus  « inclusive » .  Le printemps arabe a accéléré  ce phénomène  de recours à de nouveaux acteurs et  d’une participation accrue des acteurs locaux dits de la société civile.  Nous avons choisi d’isoler un domaine d’observation particulièrement éclairant : le secteur du journalisme.

Les agences de développement-médias européennes dans le champ journalistique
Dans un contexte économique difficile, la politique d’influence des Etats occidentaux dans le domaine du journalisme doit à la fois être efficace et le moins coûteuse possible. Par relever ce double défi, les programmes des agences de coopération publiques sont amenés à dépendre de nouvelles sources de financements, au premier rang desquelles figurent les organisations internationales et l’Union Européenne. C’est déjà le cas de BBC Action qui, en recourant à des activités commerciales s’inscrit dans une tradition anglaise du financement des charities. C’est moins le cas de CFI pour la France ou de la Deutsche Welle Akademie. L’UE à travers ses appels d’offres, encourage la participation conjointe de ces grands opérateurs à des programmes de coopération. Cela conduit nécessairement à une émulation, et à un certain rapprochement des diverses stratégies. Mais la convergence n’est pas simplement formelle puisque les actions de CFI, sans se départir d’un volet bilatéral, sont plus tournées vers les sociétés civiles ou des individus – ou « leaders d’opinion »- du Sud, à l’image des stratégies américaines ou anglaises.

Dans cette perspective, les politiques mises en œuvre sont des politiques « inclusives », selon les termes des responsables français et par projet, autrement dit, les experts ou les « acteurs du développement » pour reprendre l’expression heureuse d’Anne Le Naellou sont issus des pays du Sud. Cela présente trois intérêts majeurs : il s’agit d’une politique par le bas donc exempte des pesanteurs des appareils d’Etat ; elle permet de repérer les leaders de demain, les « passeurs » ; enfin, ces politiques sont moins coûteuses.

       Animation : Jean-Philippe Fontenelle, Sadio Soukouna


16h45 – 18h      Plénière de clôture 

                François Enten, Elisabeth Hofmann, Anne Le Naëlou





En soirée : visite guidée « Bordeaux Nègre » (sur inscription)



[1] Ces deux phénomènes ne sont pas récents et ont déjà été bien documentés : Lefèvre, Sylvain, Mobiliser les gens, mobiliser l'argent: les ONG au prisme du modèle entrepreneurial. Thèse de Science politique. Université du Droit et de la Santé - Lille II, 2008; Lefèvre, Sylvain. « 20 - Les ONG et la responsabilité sociale des entreprises: du dialogue à l’isomorphisme », Repenser la responsabilité sociale de l'entreprise; L'école de Montréal. Armand Colin, 2013, pp. 343-358; Frédéric, Pierru « Grand angle » Les « douceurs insidieuses » de la cage néolibérale, Gouvernement et action publique, 2013/3 n° 3, p. 497-505
[2] Les éléments ethnographiques discutés dans cette communication ont été recueillis lors d'enquêtes effectuées à Madagascar dans le cadre d’un doctorat.  Deux terrains ont été réalisés, l’un de trois mois (mars à juin 2016) et un deuxième de quatre mois (octobre 2016 à février 2017) qui ont permis la mise en place de méthodes d’enquête approfondies au sein de deux cas d'étude. Seul l'un de des cas est discuté ici.

[3] N. Élias, Qu’est-ce que la sociologie ?, 1991
[4] Bourdieu, P., Les héritiers. Les étudiants et la culture, Paris: Éditions de minuit, 1964
[5] Prémat, C., « L'institution imaginaire des normes sociales : Normes sociales et processus cognitifs », Sens Public, septembre 2006

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